La superficie agricole travaillée à Raffour, pour ne citer que cette localité, ne cesse de se rétrécir telle une peau de chagrin. Ce sont des centaines d’hectares de terres qui sont laissés en friche, comme nous l’avons constaté. De loin, elles ne sont à présent que des lopins désolants, pleins de sachets en plastique et de plants jaunis témoins du délaissement par les paysans. Ceux-ci ne sont certainement pas à blâmer, eux qui ne demandent que les moyens qui demeurent actuellement un privilège pas donné à n’importe qui. Mohamed, un jeune agriculteur, nous énumère toute une kyrielle de problèmes liés à son activité agricole, la céréaliculture qui d’ailleurs prime dans cette localité. La sécheresse qui sévit au pays a poussé les agriculteurs à l’irrigation automatique : celle-ci n’est pas sans dépenses et leur revient cher. «D’abord, commence par dire Mohamed, il faut faire une sonde pour l’eau, ensuite il y a l’électricité : je paye entre “30” et 90 000 DA le trimestre afin de faire tourner la machine pour irriguer. Les conduites pour l’irrigation coûtent entre 2 300 à 3 000 DA la conduite de 6 mètres. Il y a aussi l’engrais qui coûte 3 500 DA le quintal, et pour le mazout il me faut 40 litres chaque jour ; vous voyez que cela est vraiment dissuadant pour faire la céréaliculture, en particulier.»
Notre interlocuteur nous dit qu’à cause de la sécheresse il n’a commencé la campagne labour-semaille qu’en janvier dernier, ce qui selon lui influera inévitablement d’une manière négative sur le rendement qui ne sera pas mieux que l’emblavement effectué en octobre/novembre derniers.
A la question de savoir si en fin de parcours il pourrait récupérer son argent avec un tantinet de profit une fois la moisson effectuée, notre paysan dira que cela dépendra du prix qui sera fixé au marché des céréales, avant de finir avec une note d’optimisme : «Je me ferai du blé quand même.»
Y.S
