Voilà que nous perdons encore et par le fait de la bêtise humaine, un brave militant de la cause berbère en la personne de Dda Remdhane Amazigh. Le seul fait que son patronyme soit supplanté par la symbolique identitaire révèle en soi tout le dévouement porté par cet homme à la cause identitaire depuis son plus jeune âge. Aucune vicissitude de la vie (même pas materielle) ne la dissuadé de s’adonner à sa cause. Hôtelier de profession, Dda Remdhane a su domestiquer l’intérêt commercial jusqu’à le dominer et le réduire à un simple moyen de subsistance. Tout ce qui comptait pour lui était la sauvegarde de sa langue et de sa civilisation berbère. Militant infatigable, il était un animateur assidu de l’Académie berbère et inséparable de son compagnon de combat Bessaoud Mohand Arab. Durant les folles années de la puissante Amicale des Algériens en Europe, Dda Remdhane affichera ouvertement une opposition aux intrigues de ce bras avancé du pouvoir dictatorial algérien en France. Il fera partie des organisateurs des tout premiers galas d’artistes kabyles à Paris pour contrecarrer l’avancée de la transformation et de l’arabisation des Algériens Kabyles émigrés. Il confectionnera, de ses propres mains, des affiches grandeur nature pour annoncer les manifestations culturelles. Les murs de son hôtel étaient les premiers supports où il les placardait (elles y sont encore), de même que dans les stations de metro. Il assurait une liaison entre l’Académie berbère de Paris et ses adhérents en Kabylie particulièrement. Tout comme lui, son hôtel portera le nom de : Ighouraf Imazighen. Le choix même du mot “Ighouraf” n’est pas anodin. IL signifie tout à la fois : soubassement, assise, socle sur lesquels vient s’appuyer, en toute sécurité, son combat et sa revendication. Nous le perdons dans des circonstances tragiques, douloureuses et dramatiques à la fois mais nous garderons de lui plus qu’un souvenir : nous lui devons un devoir de mémoire et une reconnaissance.
Merci Dda Remdane d’avoir existé pour nous.
Abdennour Abdesselam