La battante d’Akbou

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l Luttant depuis son jeune âge sur plusieurs fronts à la fois, Mme Benmoufek, née Aït Yahia Djoher, 57 ans, mère de famille, est aux organisations féminines et au mouvement associatif général à Akbou ce que la navette portant le fil de la trame est dans le métier à tisser. Ayant pour devise « il faut tuer le temps si vous ne voulez pas qu’il vous tue » aussi, en plus du fait qu’elle doit satisfaire les exigences du mari et de ses trois enfants, qu’elle chérit bien et qui sont tous les quatre des « chefs d’équipes et elle seule l’équipe », se plaît-elle à plaisanter, en ce sens qu’elle est la seule à recevoir des ordres et à s’occuper de toutes les tâches ménagères : elle n’arrête pas du matin au soir d’aller et venir entre l’hôpital où elle travaille depuis toujours en qualité de sage femme et les différents sièges d’associations où elle défend les causes qui lui tiennent à cœur. Portant des chaussures souples et toujours coiffée en garçon, elle semble flotter littéralement dans un simple blouson par ses activités incessantes. Quand elle vous regarde de derrière ses lunettes à monture dorée, vous êtes tout de suite mis en confiance et toutes les barrières qui vous séparent d’elles s’écroulent. Issue d’une famille révolutionnaire, elle voue un respect et un amour sans égal à Hassiba Ben Bouali. Elle affirme jurer par elle et que c’est elle aussi qu’elle prend pour modèle dans son combat quotidien. Retraitable de la fonction publique, mais active et dynamique de peur que l’oisiveté la détruise, elle fait toujours différer la date de son départ.

Militante au sein de l’UNFA dés 1979 et en tant que sage-femme bien au fait des moyens contraceptifs, elle a sillonné tous les villages de la région d’Akbou pour sensibiliser les femmes rurales sur les avantages du planning familial. Toujours à l’écoute des femmes, elle les oriente et les aide à régler leurs problèmes. Lors des rassemblements des femmes pour divers occasions, elle ne manque jamais de leur rappeler l’importance à accorder à l’éducation et à l’instruction pour leurs enfants et pour elles-mêmes. D’ailleurs, présentement, en tant militante d’un parti politique, et vu le taux important des femmes analphabètes dans la région, elle a saisi les autorités en charge du secteur de l’éducation pour dégager des enseignants et des salles de classes pour dispenser des cours au profit des femmes. Modeste et fuyant les feux de la rampe, elle fait souvent rejaillir sur d’autres les honneurs et les mérites qui lui reviennent suite à ses actions. C’est ainsi qu’elle tient à remercier particulièrement Mme la directrice du centre de formation professionnelle d’Akbou pour avoir créer des sections de coiffure, de couture et de cuisine et surtout pour avoir admis dans son établissement une jeune fille sans soutien et marginalisée mais qui est maintenant en passe d’obtenir son diplôme d’Etat de TS en informatique. De même, elle qualifie de « lionne » Mme Berkani Samia qui dirige une salle d’aérobic (gymnastique) pour les efforts qu’elle fournit pour le bien des femmes qui fréquentent la salle de sport créée par l’association « Espoir » et où active dans le cadre du mouvement sportif Mme Benmoufek. Dans l’association des diabétiques où elle est membre actif, elle oriente les malades pour une meilleure prise en charge de leur maladie. Dans celle des handicapés où elle occupe les fonctions de secrétaire générale, en plus de l’aide qu’elle leur fournit pour qu’ils aient leurs associations, elle fait de son mieux pour les placer dans les entreprises où il y a des postes de travail susceptibles de leur convenir. Elle leur obtient également des fauteuils roulants et d’autres cadeaux qu’elle leur distribue à l’occasion des fêtes, comme celle du 14 mars, par exemple, qui est la Journée des handicapés. Cependant, à l’image du vaillant guerrier qui ne remporte pas toute les batailles, Mme Benmoufek ne réussit pas dans tout ce qu’elle entreprend : un projet d’installation à Akbou d’une antenne de SOS femmes a été avorté dans les années 90 ; de même, n’a pas également abouti son idée de réaliser à Alger une maison où un chalet où serait prises en charge les femmes qui viendraient de l’intérieur pour se faire soigner dans la capitale.

Avec « Médecins sans frontière », il lui reste néanmoins la satisfaction d’avoir sillonné toute la vallée de la Soummam pour dépister chez les femmes au foyer les goitres et les hypertensions, lesquels sont des maladies endémiques.

En collaboration avec l’association « Dialogue et action » et le parti où elle milite, elle se bat pour concrétiser l’idée qui consiste à faire entretenir les espaces verts de la ville par les jeunes qui, faute de mieux, meublent leurs journées à garder les véhicules dans les rues transformées en parkings payants. Enfin, à l’occasion du 8 mars, elle tient à exprimer tout son amour pour ses « quatre chefs d’équipe ».

B.M.

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