La plus grande cité universitaire d’Algérie navigue à vau-l’eau. Ce constat ne s’est jamais autant vérifié que depuis une semaine. Entre l’anarchie des différents services, l’opportunisme des organisations estudiantines, la démission des responsables, l’effervescence des étudiants cela pourrait mener à une situation des plus incontrôlables. Décidément, on ne retient plus les leçons du passé. En effet, déjà en 2004, cette cité a vu l’emprisonnement de trois étudiants durant trois mois et la mise sous liberté provisoire d’une vingtaine d’autres. Non pas pour vol ou infraction, encore moins pour détournement de biens publics, mais simplement pour destruction de biens publics. Cette situation est née de la démission totale des responsables de l’époque et la fermeture des canaux du dialogue, ce qui a poussé les étudiants à la radicalisation de leur mouvement.
Cette semaine encore, dans la nuit du mardi, des étudiants, activant dans une organisation proche du FLN, l’UNJA en l’occurrence, ont investi la rue et l’ont coupée à la circulation, exigeant la venue du directeur général des œuvres universitaire. La veille, des affrontements d’une rare violence ont opposé des activistes de deux organisations. Un étudiant, grièvement blessé, se trouve actuellement dans un coma profond.
Mercredi soir, des étudiants en fin de cycle de l’UGEL, une organisation proche du MSP, venus des différentes cités, ont investi la même rue, en face d’une caserne et du ministère de la Formation professionnelle pour la bloquer encore une fois à la circulation. Les brigades anti-émeutes sont intervenues et cela a donné lieu au scénario tristement traditionnel : bastonnades, affrontements, interpellations. En tout, 12 manifestants ont été arrêtés et mis en garde-à-vue au commissariat de Bouzaréah et présentés devant le procureur de la République.
Entre-temps, des étudiants se sont organisés autour d’un comité estudiantin pour, dit-on, mettre fin à cette situation délétère qui remet en question les chiffres fantaisistes du MESRS et de l’ONOU. Et pourtant, ce ne sont pas les milliards qui manquent…
A voir cette situation, on ne peut considérer le dernier classement des 400 meilleures universités du monde, où aucune des nôtres ne figure, comme injuste.
Yassine Mohellebi
