Organisé par le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA), le colloque international sur » Le libyco berbère ou le tifinagh… » qui s’est tenu les 21 et 22 mars derniers à Alger, a accouché d’une série de cinq recommandations, donnant clairement la part belle au graphisme tifinagh, en tant qu’alphabet du tamazight. Ainsi, il est recommandé outre, » d’encourager les travaux de recherche sur la réhabilitation, la valorisation et l’aménagement de l’alphabet tifinagh « , également, que le tifinagh étant » graphie historique des Amazighs (elle) doit être valorisée en lui accordant sa place dans l’enseignement et dans son utilisation dans le cadre de l’amazighisation de l’environnement « .
Néanmoins, l’une des recommandations tente de prendre en compte les avis divergents quant au choix du support graphique de tamazight, appelant à » constituer un groupe de réflexion composé de spécialistes algériens et étrangers, issus des disciplines impliquées par le choix d’une graphie et pour un large consensus, est-il suggéré, y adjoindre les enseignants de tamazight, les animateurs du mouvement associatif «
Par ailleurs il est déjà admis que » l’option de la polygraphie qui est un fait à l’état actuel des choses, est en soi une passerelle vers des aménagements consensuels « .
Autre et dernière recommandation d’importance, » la création d’une unité de recherche dotée de tous les moyens nécessaires chargée de l’élaboration d’un corpus des inscriptions libyques en Algérie (ainsi que), la reprise du bulletin d’archéologie algérienne (et) la réfection informatisée du recueil des inscriptions libyques (RIL) « . Une perspective souhaitée en partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
La teneur de ces recommandations, soit la préférence de l’option de la graphie tifinagh comme support de tamazight, promet de susciter, de plus belle, la polémique entre les partisans d’une autre graphie, dont ceux dits latinistes, principalement.
Ainsi, en est-il de Mouloud Lounaouci, contacté, hier, qui n’ayant pas eu vent des recommandations du colloque, n’a pas moins tenu à déclarer que si ces dernières, plaidaient pour le choix de la graphie tifinagh, » il s’inscrirait en faux « , ce socio-linguiste, latiniste tout en manifestant son intérêt pour la graphie tifinagh en tant que » symbole identitaire « , en appelle à ne pas verser » dans l’émotionnel « , s’agissant de la question tamazigh qui bénéficie d’une décennie de recherches et de productions en caractères latins ne devant pas être dilapidés, soutient-il. Même son de cloche d’un auteur en tamazight, lui aussi latiniste, Abdenour Abdeslam, qui a tenu carrément à » dénoncer l’initiative de la tenue de ce type de débat « , qui découlerait, à son sens » d’une machination soutenue par des complicités internes « , s’est-il élevé. Pour M. Abdeslam, le caractère latin, » étant universel » est le plus fonctionnel pour la valorisation de tamazight.
Hakim.O
