La hausse des cours des prix du lait à l’échelle mondiale qui frôlent aujourd’hui les 3 500 dollars/tonne, pour des raisons directement liées à l’effervescence du marché mondial et la diminution de l’offre européenne et qui ont fait que le prix de revient est plus élevé que le prix de vente, a entrainé la fermeture de plusieurs unités suite à l’épuisement des stocks et la non-disponibilité des moyens financiers pour l’achat de la matière première.
Bien que l’appréhension par le citoyen algérien d’une hausse des prix ait été dissipée par le ministère du Commerce, la pénurie du lait persiste toujours et la population trouve de plus en plus du mal à s’approvisionner en ce produit de première consommation. Après l’annonce par les pouvoirs publics de la création d’un Office national du lait pour faire face à la situation, une deuxième mesure vient d’être prise par le ministère des Finances au profit du groupe industriel du lait (Giplait).
En effet, Giplait dont le découvert bancaire est estimé à 34 milliards de dinars et qui a déjà mis, à plusieurs reprises, en garde contre le risque d’asphyxie de la filière lait, a eu droit à une subvention conséquente de l’Etat pour normaliser, même temporairement, l’approvisionnement. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III, Miloud Boutaba, le SG du ministère des Finances, soulignera qu’à travers cette décision d’accorder une subvention de 10,6 milliards de DA au groupe Giplait, qui détient 60% du marché, le maintien du prix du sachet de lait à 25 DA serait possible. Cette subvention qui confirme le soutien de l’Etat au sachet de lait en dépit de l’augmentation du prix de la poudre, et qui permettra de financer « le différentiel entre le prix de revient réel à 36,9 DA et le prix administré de 23,5 DA » ne pourrait s’éterniser dans le temps car, de l’avis de Miloud Boutaba, « si cette flambée devait durer dans le temps, les prix seraient ajustés ». Toujours sur cette lancée, l’hôte de la radio expliquera « qu’il existe trois ou quatre tarifs de lait en poudre sur le marché international d’autant qu’il y a beaucoup d’importateurs sur le marché national » et réitérera que la proposition faite par son groupe consistant en l’institution de l’Office national interprofessionnel du lait (Onil) qui devrait se substituer au groupe Giplait demeurerait la seule issue à la crise. Pour pallier la situation, M.Boutaba insistera sur la nécessité de conjuguer les efforts de tous les secteurs et annoncera dans ce sillage qu’un comité interministériel (commerce, agriculture et finances) se penchera sur le suivi de près du marché qui subit de fortes perturbations ces derniers temps. Une série d’autres mesures serait également prise par le ministère des Finances, entre autres le renforcement du contrôle de l’Etat sur la collecte et la production de lait cru, d’autant plus que « des milliards de centimes ont été accordés dans le cadre du soutien à la production ». Selon M.Boutaba, il faut se déplacer sur le terrain pour contrôler si ces subventions ont effectivement amélioré la production et surtout s’assurer que la production de lait est destinée uniquement à la fabrication de lait en sachet au même prix. S’ajoutera à cela une autre mesure se rapportant au contrôle direct de la distribution aux consommateurs afin d’éviter la spéculation sur un produit de grande importance.
H.Hayet
