La violence des chiffres

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Plus de 5 000 enfants ont été victimes de violence en 2006, a annoncé la commissaire de police Mme Kheira Messaoudène de la PJ. Cette dernière, qui est intervenue lors des travaux d’une journée d’étude sur  » la maltraitance  » qui a eu lieu avant-hier au siége de CIRIST à Alger, a affirmé que 5 067 enfants ont été victimes de violence physique (coups et blessures volontaires), d’abus sexuels, de maltraitance et d’enlèvement sur le territoire national dont 3.281 garçons et 1.786 filles. Recensés en 2006, le nombre d’enfants victimes de coups et blessures volontaires est de 2.992 dont 2.289 garçons. Pour ce qui est d’agressions sexuelles, les enfants victimes sont estimés à 1.474 victimes dont 799 filles et 675 garçons.  » Les service de la DGSN ont enregistré une hausse de victimes de sexe féminin par rapport au sexe masculin concernant l’agression sexuelle « , a-t-elle ajouté. Les mêmes services ont recensé 475 enfants victimes de maltraitance dont 271 garçons et 18 enfants victimes d’homicide volontaire.

Plus explicite, Mme Messaoudène a indiqué que ces enfants sont âgés entre 10 et 18 ans, précisant que parmi les 5.067 enfants victimes de violence, 1.857 sont âgés de 16 à 18 ans. Après avoir rappelé le rôle des services de la police dans la prise en charge de ces enfants, la commissaire a souligné l’existence d’une brigade de protection des mineurs relevant de la Sûreté nationale qui active sur tout le territoire national.

Elle a, en outre, précisé qu’Alger compte à elle seule trois équipes de protection des mineurs, au centre, à l’est et à l’ouest en raison de la densité de la population. Pour sa part, Mlle Zohra Koukaoula, psychologue au service de la Gendarmerie nationale (GN) a dressé un bilan sur la délinquance et la maltraitance des enfants entre l’année 2002 et 2007. S’agissant des mineurs victimes de violence de tout type, où une hausse a été estimé en commparaisant aux années précédentes. 126 cas recensés par les services de la GN en janvier 2007, alors que pour l’année 2006 plus de 1 677 victimes.

Pour ce qui est de la violence physique, la psychologue dira que 25 cas et un mort ont été enregistré en janvier 2007, 439 et 7 morts en 2006 et 478 cas et 7 morts pour l’année 2005.  » La majorité des maltraitances sont des violence physique, un quart des enfants subit des violences psychologique « , a-t-elle ajouté. Concernant les victimes de viol et d’inceste, la représentante de la GN a signalé une augmentation entre l’année 2005 et 2006, 139 cas de viol et 12 cas d’inceste en 2005 et 135/ 5 en 2006 alors pour le mois de janvier 2007 10 cas de viol et un cas d’inceste. Par ailleurs, les participants à cette journée d’étude sur  » la maltraitance des enfants  » ont souligné que ce phénomène est une  » réalité  » en Algérie et qu’il est  » un devoir  » de le signaler.  » La maltraitance des enfants est une réalité plus fréquente qu’on ne pourrait l’imaginer. Il convient donc de mieux protéger les enfants en danger qui doivent pouvoir être signalés partout où ils sont et des mécanismes de surveillance, d’aide et de suivi sont à mettre en place « , ont indiqué les participants à cette journée qui a regroupé des spécialistes et des représentants de plusieurs secteurs chargés de la prise en charge de l’enfant. Le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), M.Mustapha Khiati, a estimé que le signalement de la souffrance des enfants et de leur détresse permet une prise en charge  » urgente et adéquate  » de cette catégorie d’enfants. Le responsable de la FOREM a également révélé que  » plus de 10.000 cas d’enfants souffrant de différentes formes de maltraitance dans le milieu familial sont enregistrés annuellement en Algérie « , soulignant que les enfants maltraités  » doivent être écoutés et soutenus « .

Il a ajouté que la prise en charge de cette frange vulnérable de la société est une mission qui incombe à toutes les parties et secteurs concernés, en plus de la société civile. De son côté, Mme Fatiha Merrah, chef de service de médecine légale au CHU Beni Messous (Alger), a indiqué que le phénomène de l’inceste, une des formes de maltraitance de l’enfant, qui selon elle est  » très rare et nouveau  » par rapport à l’abus sexuel commis contre les enfants par des inconnus. La prise en charge des enfants maltraités par le médecin commande à la fois  » le dépistage, la prévention et le traitement de la victime « , a-t-elle dit. Et d’ajouter que ce phénomène (la maltraitance) est dû notamment aux  » conditions socio-économiques des familles « . Evoquant les différentes formes de maltraitance surtout celles physique, psychique et sexuelle, Mme Merrah a indiqué que cet épiphénomène  » reste tu, voire même tabou « . Dans le même contexte, la conférencière a déployé le fait que  » la société est régie par des règles qui empêchent d’en parler ouvertement « .

La même responsable a appelé tous les partenaires et les parties concernées à limiter le phénomène de la maltraitance des enfants, tout en insistant sur le volet signalement et dénonciation pour une bonne prévention et une prise en charge urgente au profit de la victime, prévenant que  » la maltraitance prépare à la délinquance « . Avant de conclure, Mme Messaoudène a réitéré son appel aux services concernés pour la création d’un centre d’accueil et de prise en charge des victimes à savoir, les enfants et les femmes, de violence et de maltraitance.

« Actuellement les victimes de maltraitance sont placés dans les mêmes centres que les délinquants, c’est ce qui permet une augmentation de la criminalité « , a-t-elle conclu.

Nabila Belbachir

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