La famille du Chahid revendique la vérité

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Un colloque commémorant le 50e anniversaire de l’assassinat (23 mars 1957) du Chahid maître Ali Boumendjel s’est tenu vendredi soir à Paris, pour rappeler les crimes commis pendant la guerre de Libération nationale par l’armée coloniale française.

Les communications présentées à l’occasion de cette rencontre organisée à l’Hôtel de ville de Paris, ont dévoilé l’ampleur de l’atrocité des crimes commis pendant la colonisation par de hauts gradés de l’armée français, à l’image du tristement célèbre général Aussaresses, bourreau du martyr Larbi Ben M’hidi, qui avait reconnu sans le moindre remord l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel dans des interviews accordé au journal Le Monde.

Il est à rappeler que selon des témoignages historiques, le Chahid Boumendjel, en pleine  » Bataille d’Alger  » fut précipité du haut d’une passerelle à Alger après 43 jours de détention dans une ferme près d’Alger et où il fut torturé physiquement et psychologiquement « .

Dans une déclaration à l’APS, Sami Boumendjel, l’un des trois fils du Chahid a affirmé que  » l’objectif de ce colloque est de rétablir la vérité et réhabilit maître Ali Boumendjel, afin de faire toute la lumière sur les circonstances de sa détention et de son assassinat et d’exiger que la France demande enfin pardon à l’ensemble du peuple algérien et reconnaisse les crimes qu’elle a commis pendant la guerre « . Il a ajouté que  » si nous exigeons aujourd’hui la vérité et la réhabilitation de maître Ali Boumendjel quant aux circonstances violentes de sa détention et de sa liquidation par son assassin qui a tourné d’une manière perverse son assassinat en  » suicide, c’est pour lui rendre justice, sa dignité « .

De son côté, la veuve du défunt, Mme Malika Boumendjel qui avait demandé à l’Etat français dans une lettre ouverte en 2001, que la vérité soit dite par ceux-là mêmes qui représentent la France aujourd’hui, a longuement insisté sur cette triple exigence  » le pardon, la reconnaissance des crimes commis et le rétablissement de la vérité  » sur les conditions de la détention et de l’assassinat de Ali Boumendjel.

Maître Antoine Comte, avocat conseil de la Famille Boumendjel, a donné, de son côté, un aperçu sur  » la justice française dans la colonisation « , relevant qu’il faut parler  » plutôt d’injustice, car l’appareil judiciaire colonial, c’est maintenir l’injustice « . Il a rappelé, par ailleurs, les différentes lois d’amnistie, dont celle de 1968 ayant été votée  » peu après le déplacement subit du général de Gaulle à Baden Baden pendant les événements de mai 1968 en France « , et la loi de 1982. Cette loi  » reconstituant les carrières des officiers factieux, a été voulue par le Président François Mitterrand malgré les critiques indignées des milieux démocratiques « , a-t-il expliqué.

L’ambassadeur d’Algérie en France a été représenté au cours de ce colloque qui était marqué par la participation de plusieurs personnalités,  » Amis de l’Algérie « , militants anticolonialistes parmi lesquels, l’écrivain et journaliste, Henri Alleg, et Josette Audin, veuve de Maurice Audin, un fervent militant de la cause anticolonialiste, qui fut victime des pratiques des forces coloniales dont la  » corvée de bois « . C’est lors de la bataille d’Alger que Maurice Audin est arrêté à son domicile, le 10 juin 1957. Torturé, il disparaît le 21 juin de la même année. Son corps n’a jamais été retrouvé. Mme Audin a souligné à l’APS, qu’  » il est indispensable que les autorités françaises reconnaissent officiellement ce qui s’était passé « .

R.N

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