De l’intérieur où le traitement sévère n’a d’égal, au dehors insensé et complice qui s’entasse, s’exalte devant un crime en direct, Le dernier jour condamné est un appel urgent pour la suppression de la peine de mort.C’est un cri humain, un émouvant appel de grâce ponctué par des révélations atroces. Le dernier jour d’un condamné est un chef-d’œuvre qui retrace avec puissance les souffrances psychologiques et physiques infligées à l’homme par son semblable. Victor Hugo, dans son roman, met à nu la déraison humaine. Elève sa voix contre la peine de mort et les exécutions publiques régnant dans une époque qualifiée pourtant de lumineuse. Le récit, montrant un condamné dont le crime et le passé restent méconnus, est un journal duquel se dégage sans retenue la monstruosité accompagnant les derniers jours qui restent à vivre. Rédigé à la première personne (je), le narrateur tout le long du récit, relate les dures conditions du cachot, notamment l’idée obsessionnelle d’une mort certaine et proche. De son arrestation jusqu’à l’échafaud,Victor Hugo, par le truchement de son héros abstrait, désapprouve courageusement l’insensibilité des plus forts et défend la triste réalité des inscrits sur le registre de la mort. Avec ironie, il s’étonne d’une société applaudissant un acte contre nature “Il y avait trois jours que mon procès était entamé, trois jours que mon nom et mon crime ralliait chaque matin une ruée de spectateurs, qui venaient s’abattre sur les bancs d’audience comme des corbeaux autour d’un cadavre…” Le récit, dans sa totalité, est une image scandaleuse d’un monde civilisé. Un monde cruel pataugeant dans les ténèbres. En effet, ce reportage fractionné en plusieurs débris, rapporte le long périple cuisant du condamné à mort. De l’intérieur où le traitement sévère n’a d’égal, au dehors insensé et complice qui s’entasse, s’exalte devant un crime en direct, Le dernier jour d’un condamné est un appel urgent pour la suppression de la peine de mort. Remplit de sentiments choquants, des sentiments sincères arrachés d’une âme attendant une mort imminente et quelle mort de surcroît ! Rendent le lecteur perplexe devant une réalité blâmable et regrettable. De la visite des siens avec lesquels la séparation se rapproche, de ces petits innoncents promis à l’orphelinat, cette ignoble fin abritant, jour et nuit, une tête complètement affaissée et de ce fameux prêtre avec ses va-et-vient incessant, annonçant l’approche du dernier jour… Le dernier jour d’un condamné est un message effrayant, un message écrit de l’intérieur d’une geôle et du tréfonds d’un condamné dont les jours sont comptés. C’est une plaidoirie audacieuse d’un homme qui n’est pas à présenter. Une œuvre honteuse qui a provoqué des remous durant son temps (1829), pour devenir plus tard, une voix mobilisatrice et combative pour l’abolition de la peine de mort.
Ali Khalfa
Le dernier jour d’un condamnéAuteur : Victor Hugo96 pagespublié en1829Réédité en 2001, Maxi-Livres
