Rien ne semble arrêter les jeunes vendeurs, acheteurs de devises dans le Square de Port-Saïd. En effet, après avoir fait l’objet d’un nettoyage des lieux par les services de sécurité en procédant notamment à l’arrestation de trafiquants et la saisie de sommes d’argent lors d’une descente opérée il y a quelques semaines, tout paraît revenir au point départ.
Ces jeunes, qui même sur la place publique, exhibent des sommes d’argent colossales en dinars et en devises sont apparemment déterminés malgré le risque encouru.
Car étant une activité illégale, le trafic de devises longtemps toléré, occasionne non seulement une grande perte pour les banques nationales, mais aussi une source de conflits entre les vendeurs eux-mêmes, « Nombre de fois, de jour comme de nuit, des altercations se déclenchent, pour des affaires d’argent.
Les protagonistes, en plus des injures qu’ils profèrent sans crainte ni respect pour les habitants et les passants, recourent quelquefois même à des armes blanches et des bombes lacrymogènes « , a raconté un citoyen rencontré sur place.
Ces jeunes désigné comme « la mafia de l’euro » circulent autour de la ruelle en regardant à gauche et à droite pour parer à une éventuelle » invasion » des forces de police, attendent de potentiels clients.
» Il faut faire attention, car Al-houkouma peut intervenir à tout moment « , dira un jeune ayant fait l’objet, autrefois, de la saisie d’une somme d’argent conséquente, mais qui ne désespère pas pour autant : » Je préfère gagner ma vie de cette manière que voler ou mendier, je vais refaire tout car, naturellement, il s’agit de mon gagne-pain ! « , tranche-t-il.
Un autre jeune vendeur nous a laissé entendre que » Cette pratique ne se limite pas à la seule place du Square Port-Saïd, ça se fait partout à l’échelle nationale, même dans les villages les plus reculés du pays « , en s’interrogeant au passage pourquoi sont-ils les seuls à être visés. Affichant une certaine satisfaction un habitant du quartier commentera leur retour comme étant » un drame « . Il argumente par le fait que le Square est une place stratégique à Alger où passagers et touristes étrangers viennent fréquemment se ressourcer. » Son image est considérablement ternie depuis qu’ils y ont élu domicile « , se désole-t-il. Un autre citoyen habitant un immeuble limitrophe de cette place avance que pour en finir avec cette bourse parallèle, » il faut mettre dans chaque endroit un policier et d’une manière permanente « .
En effet, l’éradication de ce phénomène demande beaucoup de moyens et de temps, ce trafic qui a causé plusieurs désagréments aux riverains devenu un vrai casse-tête ; a poussé plusieurs citoyens à nous exprimer leurs souhaits de voir les pouvoirs publics s’impliquer davantage pour l’assainissement des lieux : » Ce marché noir en plein centre de la capitale nuit gravement à la réputation du pays « , a soutenu un citoyen, rencontré au salon de thé limitrophe, Tonton Ville.
Le marché est de plus source d’embouteillages, effet direct de l’attraction de ce lieu pour des dizaines de citoyens qui pour vendre, qui pour acheter toutes sortes de monnaies.
Ces vendeurs, des chômeurs pour leur grande majorité, ne sont en définitive que des boucs émissaires, chez des grands trafiquants de la devise.
De grosses légumes qui n’encourent guère de risques utilisent et instrumentalisent ces jeunes pour faire leurs transactions. Ceux-ci, de leur côté, n’ayant pas vraiment le choix, acceptent, sans qu’ils soient suppliés, d’accomplir la besogne.
Yassine Mohellebi