Sortir de l’ère des explosifs

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La capitale est à son tour, endeuillée par un attentat suicide en plus d’autres attaques à l’explosif. Bilan effroyable, une trentaine de morts et des dizaines de blessés selon certaines sources. L’attaque meurtrière- presque similaire à celle qui s’est produite la veille, à Casablanca (Maroc) demeure, l’une des plus puissantes dans le centre d’Alger, depuis le début du terrorisme.

Deux mois auparavant précisément le 13 février 2007, de nombreuses localités de Boumerdès et Tizi Ouzou furent secouées en quelques minutes par six ou sept attentats à la voiture piégée. On dénombrait alors, au total 7 morts et une trentaine de blessés. Et depuis cette date, la situation sécuritaire n’avait point cessé de se dégrader. Semaines jalonnées d’attaques par traîtrise des convois de l’ANP, de pertes d’éléments des services de sécurité tant à Boumerdès qu’à Bouira ou Tizi Ouzou.

Le bilan des victimes- morts et blessés- sera porté en moins d’un trimestre à plus d’une centaine. Dans le même temps, les forces étatiques de sécurité ripostaient comme à l’accoutumée sans faiblesse aux hordes sanguinaires. Et elles sont toujours sur le qui-vive. D’ailleurs une source sécuritaire nous a précisé hier qu’en moins de deux mois, cinq réseaux de soutien à l’islamisme armé ont été démantelés dans différentes zones urbaines de Boumerdès. Ce qui équivaut selon la même source, à l’arrestation d’une centaine d’individus agissant pour le compte de l’ex-GSPC. On s’appesantit dans cette optique, sur deux filières clandestines du terrorisme, mises hors circuit, il y a deux semaines dans les localités de Zemmouri et Ouled Aïssa. Au total une quinzaine de mis en cause ont été placés sous mandat de dépôt suite au verdict du juge, près le tribunal de la circonscription.

Mais le coup spectaculaire planifié hier au cœur de la capitale au Palais du gouvernement ne peut être que l’œuvre d’une organisation criminelle d’extrême solidité. Un attentat produisant un tel désastre est encore une fois l’œuvre, d’un commando se nourrissant de l’islamisme glorifiant la violence même en se faisant exploser. Les planificateurs n’ont pu agir a-t-on analysé, qu’en s’appuyant sur des moyens humains, logistiques et financiers. Une logistique renforcée, de toute apparence au moment où certains cercles du pouvoir donnaient la priorité à la politique de réconciliation nationale. Celle-ci s’est traduit par un pardon pur et simple accordé à de nombreux sanguinaires dont certains ont repris le maquis.

Un autre discours annihilait la volonté d’en finir avec les tueurs, en répétant après chaque attentat que ce “n’est qu’une résurgence des résidus du GIA ou du GSPC”.

Que gagne-t-on en fait, en disant que l’islamisme est en plein désarroi quand il recourt aux bombes ? s’interroge l’opinion publique

Et ceux qui pensaient aussi en 2003, que les terroristes n’ont plus de produits pour la fabrication des bombes ont eu hier encore, malheureusement une réponse. Leçon à tirer au plus vite : moins de deux mois après l’expiration du délai accordé aux terroristes pour toute repentance dans le cadre de charte pour la paix, l’ex-GSPC nébuleuse sanguinaire locale d’El Quaïda, fera parler d’elle en planifiant des attentats à la voiture piégée dans la banlieue-est d’Alger. En date du 31 octobre 2006, en effet ces attaques meurtrières ont fait 2 morts et 23 blessés à Réghaïa et Dergana.

Avant et après cette date, de nombreuses localités de la Kabylie et d’autres régions du pays n’ont point cessé de pleurer leurs morts.Comment donc peut-on pardonner aux serriates de cette soldatesque sanguinaire de l’islamisme salafiste ? Sans doute une bonne partie de la solution à la crise sécuritaire réside dans la capacité de la classe politique et du pouvoir à entrevoir une autre forme de gestion politique, susceptible de mobiliser les citoyens pour la réinstauration d’une véritable paix.

Salim Haddou

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