Bab Ezzouar. Route de la Soummam. Il est 11 h du matin. La circulation routière est très dense. Les gens vaquent à leurs occupations en toute quiétude. Personne ne soupçonnait que dans quelques minutes la faucheuse allait être au rendez-vous. Deux voitures venant de la route menant vers la cité du 5 Juillet arrivent presque l’une derrière l’autre. La première est stationné juste au virage a côté du siège de la sûreté de la police de Bab Ezzouar à quelques mètres de la passerelle en face de l’unité des pompiers. Derrière cette voiture bourrée d’explosifs, d’autres au nombre de quatre font la queue. Un autre véhicule appartenant, lui aussi, aux terroristes sanguinaires vient pour les prendre en tenaille. Deux puissantes explosions presque simultanées ont été entendues à des kilomètres à la ronde.
C’est la débandade parmi les personnes qui était aux alentours. Images insoutenables de personnes carbonisées dans leurs voitures et de chair humaine éparpillée un peu partout. Des mares de sang encore frais sont visibles. Des témoins oculaires nous affirment que sur les 8 victimes se trouvaient un bébé et trois agents de la Protection civile calcinés dans leur Partner. A notre arrivée sur les lieux, un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé. A l’emplacement ou ont été stationnées les voitures des terroristes, deux cratères profonds attestent de la puissance de l’explosion.
Les services de l’Asrout s’affairaient au nettoyage des lieux devenus méconnaissable, alors que les éléments de la police scientifique en tenue blanche cherchaient parmi les carcasses de 8 voitures calcinées, des éléments qui pourraient les aider à remonter la piste et les moyens utilisés par les criminels de l’ex-GSPC pour commettre leur forfait ignoble.Au loin, des badauds qui n’arrivaient à croire leurs yeux regardaient avec anxiété les décombres de la bâtisse qui abritait les locaux de la police. » On dirait l’Irak « , lâche, incrédule, un jeune homme derrière la bande de sécurité dressée par les agents de la sécurité. En effet, Les murs en question de la bâtisse ont été lézardés et les fenêtres parties en éclats. Les voitures, plus d’une dizaine, appartenant aux policiers garées à l’intérieur de la cour spacieuse ont subi des dégâts impressionnants. Toits arrachés et portières défoncées. Quelques mètres plus loin, le souffle de la déflagration a arraché les fenêtres de la cité des gendarmes. En face de cette même cité se trouvaient les locaux d’une société chinoise. Ses locataires, tous des Chinois, étaient sous le choc, à tel un point de nous refuser toute discussion.
Ils avaient les yeux hagards et les regards comme fixés sur le vide. Même la cité AADL, baptisée quartier de… la Réconciliation nationale, n’a pas été épargnée par l’explosion. Vitres brisées et rideaux de magasins arrachés jonchaient le sol. Fonctionnaire à l’Ecole nationale des greffiers qui fait face au siège de la police ciblé, un jeune nous racontait qu’il avait ramassé de la » cervelle humaine » à plus d’une quarantaine de mètres des lieux de l’attentat. Encore sous le choc de la déflagration, ses camarades de travail nous ont indiqué que des » morceaux de chair humaine » étaient déposés un peu partout.
Hocine Lamriben