Le grand écart électoral

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Après avoir longtemps surfé sur la fièvre contestatrice qu’à connue la Kabylie à partir d’avril 2001, les “héros” sont désormais fatigués. Pratiquement tous les délégués “médiatiques” de la CICB sont en lice pour les législatives du 17 mai prochain.

Ces “néo- bourgeois de province” ont troqué le jean-chandail de “agit-prop” pour le costume sobre de la dignité parlementaire. “Il faut, se défendent-ils sans trop de conviction, passer à nouveau le cap de la lutte pour la concrétisation de la plate-forme d’El-Kseur”. Mais le grand-écart électoral de ces anciennes vedettes de “ulac-lvot-ulac” ne va pas sans produire l’étonnement de l’opinion et une vaste désapprobation chez leurs pairs du mouvement des archs.

Figure totémique du mouvement qui avait présidé le congrès d’El-Kseur à l’issue duquel fut adoptée la plate-forme éponyme, Ali Gherbi se retrouve tête de liste du …. PNSD.

Un parti insignifiant sous la houlette duquel il s’est résolu à ranger son ambition électorale faute, explique-t-il sans la moindre gêne, d’avoir réussi à réunir le quorum de parrainage exigible pour les candidatures indépendantes. A l’autre bout se retrouve le “dialoguiste” Bezza Benmansour qui conduit une liste baptisée pudiquement “citoyenneté” mais qui regroupe, en fait, les principaux délégués ayant pris part aux pourparlers avec le gouvernement.

Moins ambitieux, d’autres délégués, pourtant parmi les plus virulents, se retrouvent, quant à eux, dans des positions d’outsiders dans des listes de partis, à l’image du RCD, qu’ils ont longtemps désigné comme responsables de tous les maux dont souffre la Kabylie. Il n’y a sans doute que les imbéciles qui ne changent pas mais cette manière de procéder ne va pas sans produire des remous chez les délégués demeurés fidèles aux dogmes fondateurs du mouvement des archs. Les critiques pleuvent. Elles prennent globalement appui sur un vieux parchemin, le  » code d’honneur  » adopté les 28 septembre 2001 lors d’une réunion interwilaya tenu dans les At Jenad (Fréha). Celui-ci engage particulièrement les délégués à  » ne pas utiliser le Mouvement à des fins partisanes et ne pas l’entrainer dans des compétitions électoralistes ou des options de prise de pouvoir”. Premier à ouvrir le feu, le CSC d’El-Kseur. Par une déclaration adoptée le 5 avril courant, il informe s’être constitué en “cellule de crise” et condamne violement l’option électorale de son chef historique qu’il évite de citer nommément. Il se démarque ainsi de ce qu’il estime être des “agissements qui utilisent le mouvement citoyen et le sang des valeureux martyrs de la dignité comme rampe de lancement de leur carrière politique”.

Délégués du bord “dialoguiste”, F. Hammoumraoui et

S. Hemmat, choisissent, pour leur part, de s’exprimer à travers une “lettre” plutôt lyrique à leurs “amis du Mouvement citoyen”. Leurs critiques rejoignent, dans le fond, celles du CSC mais avec cependant des nuances notables. “Si votre appétit est grandissant et que ces élections vous tentent, ne faîtes pas subir au Mouvement ce que d’autres ont fait subir au MCB et à nos enfants lors de la grève du cartable”, écrivent-ils à l’adresse de leurs anciens compagnons.

Ces critiques, qui recoupent un sentiment de désappointement palpable chez l’opinion, ne reçoivent, à l’heure actuelle, aucune réfutation conséquente de la part de leurs destinataires.

M. B.

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