“à chaque chose sa valeur réelle”

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La Dépêche de Kabylie : Mohand Ouali, chanteur engagé dans la noblesse de l’art, depuis le fameux groupe Imazighen Imoula. Quel souvenir gardez-vous du groupe et des événements des années de plomb ?

ll Mohand Ouali : A vrai dire, je ne garde que des souvenirs merveilleux, d’autant plus que cela m’a permis de voyager et surtout de connaître un maximum de personnalités influentes dans le domaine de la culture. Pour les événements, ils sont indélébiles. Ils nous ont marqué de leur sceau à jamais. Malheureusement, l’évolution des choses a été autrement que ce que nous avions rêvé. Pour revenir au groupe Imazighen Imoula, je n’ai que de la reconnaissance.

Après le groupe, Mohand Ouali s’est engagé seul dans la chanson

ll Lorsqu’on a le don artistique, on ne peut se complaire dans des rôles où l’on vous dicte ce qu’il faut faire et ne pas faire. Partant de là, on finit toujours par se forger soi-même un chemin. C’est une question du sens de la liberté d’esprit, qui nous mène parfois vers la vie dure.

Votre chant s’inscrit dans un style musical original et différent des styles dits modernes en même temps. Qu’en est-il de cette différence remarquable qui fait de vous un chanteur reconnu et sollicité ?

ll Original, peut-être. J’essaie en tout cas d’être moi-même, quant à la différence et à la patience, je dirais plutôt que je laisse les choses mûrir par elles-mêmes, comme un fruit qui finit toujours par être prêt à force du temps, et c’est toujours mieux.

Mohand Ouali a accompagné, à plusieurs reprises, l’orchestre à la chaîne II, en hommage à plusieurs figures artistiques, dont idheflawen, Taleb Rabah par exemple. Peut-on comprendre par là que vous êtes aussi un artiste reconnu ?

ll Je pense que c’est maintenant qu’on commence, peut-être, à découvrir mon travail et le reonnaitre à sa juste valeur. Tout en sachant que c’est bien dans la valorisation de notre patrimoine artistique et musicale que l’on peut évoluer dans le temps et dans l’espace. Bien que souvent, j’essaie de faire mon travail tout seul.

Ce qui demande beaucoup d’efforts et d’énergies pour réaliser un bon résultat. D’ailleurs, je tiens à remercier la chaîne II qui essaie d’explorer mes potentialités.

Mohand Ouali, Chanteur et musicien, au même temps enseignant. Comment vous situez-vous entre les deux choix ?

ll Mohand Ouali : Concilier les deux à la fois est certainement difficile. Mais si on fait la part des choses, on finira par s’en sortir. Enseignant, je côtoie les modestes, les pauvres gens. Chanteur ça m’arrive de côtoyer des artistes de tous bords et, là aussi, on doit être artiste. C’est-à-dire donner à chaque chose sa valeur humaine et morale. Sinon, les deux métiers m’aident à échapper à la misère morale de ce bas monde, où il n’y a pas que la richesse matérielle. Mais surtout, la richesse morale et humaine. Ce qui demeure noble à mes yeux.

Ce qui et valable pour tous, quoi qu’on dise.

Bon nombre de militants de la cause amazighe, se disent plus ou moins se reconnaître dans leur pays. Et ce grâce à leur combat pacifique et intelligent. Comment vous sentez-vous réellement dans votre pays ?

ll A vrai dire, je me sens dans mes pleins droits. Mais malheureusement, la plupart des gens ont ce funeste sentiment, qu‘en Algérie, il n y a que du négatif, sans essayer d’une manière intelligente de changer les choses. Car, si vous voulez vraiment nuire à une cause, comme disent certains, défendez-la avec de mauvais arguments. Certes, il reste beaucoup de choses à faire, mais il faut d’abord de l’intégrité et un minimum de volonté constructive. Georges Orwell, disait que “nous payons mal nos actes, sans parler de la politique qui massacre tout. Et à la fin, l’idéal pour lequel tu t’es engagé, finira par t’empoisonner la vie”. Je connais beaucoup de ces cas.

Le chantre de la chanson kabyle, Taleb Rabah, disait récemment que chaque génération a son chant. Dans quelle chanson se retrouve Mohand Ouali ?

ll L’influence de plusieurs générations a marqué ma vie artistique. Cela est un avantage pour moi. Disons que chacune des générations, passées et contemporaines, nous enrichit par connaissances et expériences qu’elles nous transmettent. C’est là où réside toute la différence. C’est que chacun de nous est appelé à faire la part des choses. L’essentiel est de demeurer. Alors je peux dire que je suis la résultante de toutes ces générations.

Peut-on savoir si Mohand Ouali prépare de nouveaux projets ?

Disons que je continue à composer et parfois à écrire. C’est tellement aléatoire de parler des projets que je ne pourrais en dire quelques choses sur la question. Sinon je continue toujours à écrire et à composer.

Quelque chose vous tient à cœur pour conclure…

ll Rien de particulier, sinon de présenter tous mes hommages aux artistes et personnes qui apportent le meilleur d’eux mêmes dans tout ce qu’ils font. Et c’est grâce à eux que cela continue de tourner. Comme a dit l’auteur : “le monde tourne autour des créateurs et la fortune tourne autour des imitateurs”.

Entretien réalisé par Amar Chekar

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