L’Union pour la démocratie et la république (UDR) a tenu à commémorer les deux Printemps de la Kabylie. Pour l’occasion, en meeting populaire a été organisé, jeudi, dans la localité de Boghni.
En présence des cadres et candidats du parti aux prochaines législatives de militants, de sympathisants et de nombreux citoyens, le secrétaire général de l’UDR, M. Amara Benyounès a prononcé un discours solide et cohérent. Un discours dans lequel il a diagnostiqué, analysé et expliqué tous les maux de la Kabylie et des Kabyles, que ce soit sur le plan politique, économique, social ou sécuritaire. Pour se démarquer des discours démagogiques, l’orateur n’a pas cessé, tout au long de son allocution, de faire des propositions de sortie de crise, telles que conçues par l’UDR. Mais avant d’en arriver là, c’est le fédéral du parti à Tizi-Ouzou, M. Salah Hacène, qui inaugurera le bal des interventions en priant l’assistance d’observer une minute de silence et à évoquer, quoi que brièvement la mémoire du 20 avril 1980, dont il est l’un des acteurs. La parole fût cédée, après cela, à M. Mohand Arezki Boumendil, tête de liste ANR/UDR à Tizi-Ouzou. Ce dernier n’a pas manqué l’occasion pour appeler à l’assistance que l’UDR veut une campagne électorale de haut niveau : une compagne sans insultes, pédagogique et respectueuse de l’éthique… Avant de céder la tribune au SG du parti, M. Boumendil a interpellé toute la classe politique, on leur faisant remarquer qu’“une campagne électorale n’est pas une campagne commerciale. L’UDR n’a rien à vendre et n’a rien à acheter. Il ne fera que privilégier la notion de démocratie participative. Pour preuve, notre parti organisera, certes, beaucoup de meetings populaires, mais il va privilégier les conférences et les débats…”.
“Faisons de tamazight langue officielle dans nos foyers d’abord !”
Après un bref aperçu historique sur l’évolution de la lutte identitaire de la Kabylie, depuis avril 1980, M. Amara Benyounes a atterri sur la conclusion que “chaque génération a apporté à la Kabylie son propre lot d’acquis. “Mais c’est les jeunes du Printemps noir qui ont le plus chèrement payé leur engagement. En 1980, y a pas eu mort d’homms, mais en 2001, plus de 120 innocents ont perdu la vie.” “C’est la raison pour laquelle j’avais quitté le gouvernement. Je ne pouvais rester dans un gouvernement qui tire sur les jeunes…”, déclara-t-il en substance avant de clore ce chapitre historique. S’ensuit une pertinente analyse socio-économique sur la situation actuelle en Kabylie où l’orateur mettra en avant certaines donnes, pourtant élémentaires, qu’”il suffit de mieux comprendre pour pouvoir aller de l’avant”. M. Benyounes entamera sa “rhétorique” par le sort réservé à tamazight depuis qu’elle fût élevée au rang de langue nationale en qualifiant la chose “d’énorme acquis”. “Certes, il y a encore beaucoup de progrès à faire, mais il ne faut surtout pas brûler les étapes. Je suggère plutôt que les Kabyles fassent de tamazight longue officielle dans leur foyers d’abord. Le reste viendra. Inexorablement !”, a-t-il asséné.
“La solution pour la Kabylie est d’abord et avant tout économique”
De fait, M. Amara Benyounes a enchaîné sur le volet économique de la crise multidimensionnelle qui frappe la Kabylie. Le ton était amer mais bien concret, tout comme l’étaient les solutions préconisées. “Plus de 7 jeunes sur 10 en Kabylie sont chômeurs. C’est plus dangereux qu’on le pense parce que le chômage mène à la frustration, à l’agitation puis à la violence. L’insécurité sera donc alimentée par ce phénomène avec tout ce qu’il engendre comme fléaux. La drogue et l’alcool en premier lieu. J’estime donc que tant qu’on ne créera pas d’emplois en Kabylie, la crise demeurera entière, car c’est de là que peuvent surgir toutes les instabilités. Un jeune sans emploi peut devenir violent, et ils sont trop nombreux à l’être. Cet énorme potentiel peut s’avérer, hélas une immense poudrière…”, s’insurge M. Benyounes qui ajoutera : “Faute de perspectives, nos jeunes n’ont plus d’autres options que les bars où les barricades. C’est inacceptable !, nous avons le devoir de leur offrir mieux que ça. Il faut assainir urgemment la situation économique. Il faut leur offrir du boulot. Sinon, on risque gros…”.
Comme affecté par ces vérités qu’il vient lui même d’énoncer, M. Benyounes assène, sur une franche note de sincérité : “Mon combat premier c’est que cette région se redresse pour que ses enfants puissent vivre dignement ! On peut m’accuser de tout, mais mes convictions demeureront intactes, inviolées…”
“L’alliance républicaine servira même après les élections”
Evoquant le chapitre politique, l’hôte de Boghni, a fait usage de son éloquence habituelle pour résumer une situation pourtant complexe. Tout en estimant que la Kabylie doit préalablement recouvrer la paix pour engager un vrai débat politique, M. Benyounes croit que le moment est venu pour tester une nouvelle alternative, celle de la mouvance républicaine, laquelle marquerait, à la fois la rupture avec les forces politiques traditionnelle et constituerait une véritable digue contre le courant islamo-conservateur. “Lorsque l’UDR a scellé son alliance avec l’ANR et le MDS, nous avons tout d’abord évacué le problème de leadership, qui constitue chez nos politiques le premier sujet de discorde. La force de cette alliance réside dans ses convictions et sa manière d’agir. Une alliance qui ne se fixe pas d’objectifs occasionnels comme pourraient le penser certains, mais qui continuera d’exister même au-delà de ces législatives”, a-t-il également annoncé avant d’enchaîner sur un autre sujet d’actualité, tout aussi brûlant. “Vous savez, en Algérie de 2007, deux courants majeurs continuent de s’affronter : celui de l’Algérie moderne, démocratique et républicaine, dont nous nous reconnaissons et celui d’une Algérie islamo-conservatrice. Quand je voit aujourd’hui Louiza Hannoune et Belkhadem dénoncer le terrorisme, je trouve que c’est le comble de l’abération. Ces gens-là, étaient à Saint Egidio à discuter tranquillement avec Anouar Haddam alors que celui-ci venait de revendiquer l’attentat du boulevard Amirouche qui a fauché 43 vies innoncentes. Pour ces gens, le terrorisme est tout, sauf islamiste.
Ils continuent à lui chercher d’autres origines pour nous leurrer. Si la misère nourrissait vraiment le terrorisme, les trois quarts de l’humanité seraient des terroristes…”.
“Voter, c’est le seul moyen d’imposer un choix démocratique”
Le SG de l’UDR a profité de sa sortie médiatique pour répondre, sans le citer, à ses détracteurs. “Ils ne ratent aucune occasion pour jeter leur venin sur moi. Mais ce n’est pas nouveau, ils sont habitués à insulter tout le monde. Aït Ahmed, Ouyahia, Hannachi, les aârchs, la famille de Matoub, Aït Menguelet et ils ont même trouvé le moyen d’atteindre l’intégrité de… Zidane !”, lança-t-il avec ironie, avant de reprendre “à ces gens je lance un défi, eux qui ne cessent de porter atteinte à ma réputation : qu’ils choisissent un notaire, même un de leur militant, et qu’on fasse nos déclarations de patrimoine, chiche ! Là, les gens pourraient reconnaître l’escroc de l’honnête. Je n’ai pas à défendre mon intégrité, j’étais ministre par deux fois et jamais je n’étais cité dans une quelconque affaire de scandale, même dans l’affaire Khalifa qui a éclaboussé la classe politique, ce n’est pas le cas de certains ministres venus après moi…” Pour finir son discours,
M. Benyounes a appelé à une forte participation dans les prochaines législatives. “C’est le seul moyen de faire changer les choses et d’imposer un choix démocratique. La Kabylie ne peut plus s’opposer frontalement et éternellement au pouvoir, il faut continuer à se battre, mais à chaque jour suffit sa peine. On a deux chemins à prendre, l’un est long et périlleux, l’autre est sans issue, nous on a choisi notre voie…”.
Ahmed B.
