Mis en cause par un de ses pairs, il est blanchi par la justice

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Le tribunal criminel près la cour de Béjaïa a consacré toute la journée du samedi passé à l’examen de l’affaire de l’ex-P/APC de Seddouk, M. Djamal Tigrine, élu FFS, accusé de falsification de documents et de passation de marchés publics de manière non conforme à la réglementation en vigueur.

Il était élu en 1997 pour prendre les rênes de la commune en avril 2000, suite au départ de son prédécesseur et être éconduit sur la même liste FFS à la tête de l’APC de 2002 à 2005. 52 ans, marié, 2 enfants, maire de sa commune natale, M. Tigrine avait tout pour être heureux si le sort n’en avait décidé autrement. Ses déboires ont commencé le jour où son frère-ennemi, M. Omar Adjaoud, un élu du RCD qui a partagé avec lui le mandat 1997-2002, a déposé plainte contre lui pour les faits qui sont examinés aujourd’hui. La réquisition du représentant du ministère public a été de 10 ans de réclusion criminelle assortie d’une amende de 1 million DA. Mais faute de preuves suffisantes pour établir sa culpabilité, le président du tribunal a prononcé son acquittement pur et simple.

Dans la salle d’audience, les observateurs, qui ont remarqué une forte présence d’élus FFS dont l’ancien P/APW de Béjaïa, M. Hamid Ferhat, ont également noté que l’auteur de la plainte s’est constitué partie civile et que la majorité des témoins qui ont défilé à la barre étaient des élus RCD.

Quant aux faits, ils remontent à la journée du jeudi 22 mars 2001, à 10 h, lorsque au cours d’une assemblée où les élus sont convoqués à l’origine pour préparer les festivités en hommage au grand résistant Cheikh Benhaddad, le maire mettant à profit l’absence, ce jour-là, de M. Adjaoud, membre de la commission des marchés qui sera plus tard l’auteur de la plainte et deux autres élus dont un du RCD, pour ajouter à l’ordre du jour initial, porté sur la convocation, le point relatif aux marchés publics et faire ainsi sans difficultés faire approuver par les membres présents (6 membres sur 9) l’attribution du marché de la réfection de la route de Takhelidjtt longue de 4 km pour un montant qui dépasse le milliard de centimes à l’entreprise Sotrapal qui est classée seulement troisième dans le tableau de classement des soumissionnaires et dont le dossier serait incomplet au moment de son dépôt au détriment de deux autres entreprises, dont les offres, selon l’accusation, sont plus avantageuse pour la commune.

L’accusation reproche aussi au P/APC d’avoir “omis” dans le PV de l’assemblée du 10/04/2001, consacrée à l’ouverture des plis, le nom de l’élu RCD qui a procédé précisèment à l’ouverture des enveloppes contenant les soumissions.

A l’audience, le maire qui se défendra avec aplomb tout le long du procès, soutiendra qu’avec une majorité de six membres sur 9, l’absence ou la présence de trois membres ne peut en aucune façon influer sur la décision finale que le P/APC, comme n’importe quel élu d’ailleurs, a le droit d’ajouter un ou plusieurs points à l’ordre du jour initial. Lors de l’assemblée du 10/04/2001 de l’ouverture des plis, il a été prévu une autre réunion, celle du 22/04/2001, précisément, et la mention a été portée sur le PV. Il ajoutera que “quant à l’entreprise Sotrapal, je ne la connais que de réputation et seulement pour la qualité des travaux qu’elle a réalisés. Et ce n’est pas moi qui l’ai choisi, c’est le responsable des travaux publics de la daïra de Seddouk. Moi, je n’ai fait que suivre son avis de technicien en la matière”.

Pour le procureur général, le P/APC a agi plus pour son intérêt personnel que pour celui de la commune. S’il a choisi de tenir son assemblée le jeudi, le jour où l’administration de l’APC est fermée, avec pour ordre du jour la préparation des festivités en hommage à Cheikh Benhaddad, c’est pour éviter la présence des élus bien au fait des marchés publics. En optant pour l’entreprise Sotrapal dans laquelle il a peut-être des intérêts, il a fait perdre 100 millions de centimes à la commune. Pour la défense assurée par deux avocats, il n’y a ni falsification de documents ni passation frauduleuse de marchés publics. Il y a un règlement de comptes partisan. L’élu du RCD a déposé plainte contre le maire simplement parce qu’il croit que ce dernier l’a impliqué dans l’incendie du local du FFS à Seddouk.

Le deuxième avocat fera remarquer au président que parmi les témoins, qui ont tous déposé contre l’accusé, personne n’a donné à penser que l’accusé a reçu de la part de Sotrapal un quelconque présent ou un pot de vin. L’entreprise a été retenue seulement pour la qualité de son travail. A la fin de son intervention, l’avocat plaidera l’acquittement pure et simple de son client.

B. Mouhoub

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