Des milliards qui ne font pas que des heureux

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En abordant la stratégie de développement  » construite sur des bases solides et sur une réglementation rigoureuse pour amener les investisseurs à développer l’activité économique dans la région « , le premier responsable de la wilaya a passé en revue les projets importants à même de sortir Bouira de son isolement et de son confinement.

En soulignant que l’Etat n’a pas lésiné sur les moyens financiers en accordant 141 milliards de dinars, dont 48 milliards au PSD et 8 milliards attribués dans le cadre du programme spécifique des Hauts-Plateaux, la wilaya de Bouira devrait théoriquement connaître un sacré essor économique. Parmi les grands projets en cours, la fameuse autoroute Est-Ouest qui traverse la wilaya de Bouira sur 101 kilomètres et dont plusieurs tronçons ont déjà été réceptionnés. Pourtant, de l’avis même du wali, deux points noirs demeurent et pas des moindres. Il s’agit du contournement des villes d’El Esnam et d’Aomar. A ce propos, le ministre des Travaux publics, qui s’enquiert régulièrement de l’avancée des chantiers de cette autoroute, a été intransigeant en ordonnant aux entreprises réalisatrices d’achever les travaux dans les délais sous peine d’être sévèrement sanctionnées. Sur ce volet, le wali s’est montré rassurant en affirmant que ces deux points noirs ne seront plus qu’un mauvais souvenir avant l’été.

Ce qui, selon lui, sera un avantage pour la wilaya qui sera désormais à une heure de route d’Alger, et ce qui ne manquera pas d’attirer les investisseurs et les touristes.

Toujours au menu des grands projets, l’alimentation en eau potable des villes et villages, mais aussi l’irrigation pouvant permettre l’expansion de l’agriculture. Agriculture qui est, rappelons-le à toutes fins utiles, la vocation première de la wilaya.

Avec les trois grands ouvrages dont elle dispose, la wilaya de Bouira pourra d’ici peu être alimentée en eau potable et d’irrigation avec 844 millions de mètres cubes, c’est-à-dire assez pour étancher la soif des habitants de la wilaya et aussi permettre aux wilayas limitrophes de bénéficier du ‘’pétrole de demain’’ pour reprendre l’expression du wali. Ainsi avec les trois barrages d’oued Lakehal au Sud, Tilesdit à l’Est, et Koudiat Asserdoune à l’Ouest, la Superficie agricole utile (SAU) qui est de 190 152 hectares sera entièrement irriguée à l’instar des 11 000 ha qui le sont actuellement. En plus de ces millions de mètres cubes d’eau, vient s’ajouter la célèbre Source noire ( Lainsser Averkan), source réputée pour son immense débit et qui devrait alimenter l’ensemble de la daïra de M’Chedallah. Rien que pour cette source, 40 milliards ont été investis afin de permettre aux communes de Chorfa, Aghbalou, Saharidj et M’Chedallah d’être alimentées via cette manne providentielle. Le hic, car hic il y a, c’est que sur ces communes qui ont toutes bénéficié de 10 milliards chacune, la commune d’Aghbalou, près de 23.000 âmes, n’est toujours pas reliée à cette source, hormis les villageois de Selloum. Un retard incompréhensible pour les habitants de cette région qui se considèrent une fois de plus marginalisés par les pouvoirs publics. Rappelons que cette source était également l’objet de convoitise d’un investisseur qui avait émis le souhait de réaliser une unité de mise en bouteille de cette eau naturelle, mais d’après le wali, il n’est pas question d’investissement dans ce secteur, du moins tant que les villageois de cette contrée seront confrontés au spectre de la soif.

Au passage, l’orateur ne manquera pas d’égratigner l’investisseur en question qui n’est autre que Issaad Rebrab, en disant devant l’assistance qu’il est impossible de créer 500 emplois à partir de cette source. Le wali passera en revue également d’autres secteurs tels l’énergie, le chemin de fer, l’éducation, et à ce propos, il dira à l’adresse de la presse, qui qualifie Bouira de grand village, qu’un village ne possède pas d’université. ‘’Bouira est une ville universitaire qu’on le veuille ou non, et nous sommes fiers d’avoir réussi à implanter cette noble institution dans notre wilaya’’, dira le wali. Une université qui devra pourtant se passer cette année encore d’un département de langue et culture amazighes, pour des raisons ‘’d’absence d’infrastructures’’ si l’on se fie au refus justifié par le directeur de cette université. Concernant le secteur de l’énergie, le commis de l’Etat dira que Bouira est électrifiée à 98%, tandis que pour le raccordement au gaz, le taux est de 31%, taux jugé satisfaisant par rapport à la moyenne nationale de 35% et aux 18% enregistrés il y a cinq ans.

Le wali dira pour clore cette rencontre que le développement durable passe aussi et avant tout par l’environnement et sa protection, avant de citer quelques projets relatifs aux stations d’épuration techniques pour lesquelles l’Etat a débloqué 90 milliards de centimes. Le volet du logement a été aussi abordé sous ses différentes formules LSP, OPGI et rurale. Ainsi selon le wali, l’Etat s’est largement investi dans tous les domaines pour améliorer le quotidien des citoyens en allouant des enveloppes conséquentes pour chaque secteur.

Le chômage abordé par le premier responsable de la wilaya est une question qui ne devrait même pas se poser puisque l’ANEM, l’ANSEJ et les autres organismes sont disponibles pour aider les gens en quête d’un travail. Pour le wali qui réfute ce qui est qualifié de chômage, le problème réside au niveau de la formation des demandeurs d’emploi. ‘’Il faut une main-d’œuvre qualifiée dans tous les domaines car le chômage n’est pas une fatalité, et avec les grands chantiers en cours il y a du travail pour tous les Algériens’’, argumentera-t-il en, oubliant, sciemment ou pas, le taux de suicide effarant enregistré durant le premier trimestre 2007 au niveau de la wilaya de Bouira.

Hafidh B.

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