La mémoire s’effiloche

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l Ils étaient peu nombreux les journalistes, à la place de la Liberté de la presse en cette Journée mondiale de la liberté de la presse. Le combat pour un idéal de liberté semble s’essouffler de jour en jour. Force est de constater que la poursuite du combat des aînés, Djaout, Mekbel et autres, n’est plus ce qu’elle était, c’est-à-dire l’élément rassembleur de toute la famille qui avance. Le plus ahurissant dans cette commémoration, constaté d’ailleurs par la poignée de journalistes, eux-mêmes, a été l’absence remarqué et remarquable des éditeurs de presse, excepté celui de notre confrère El Watan. Sous un ciel voilé et menaçant, la place portant le nom symbolique de la liberté de la presse était ornée de portraits des martyrs de la corporation, lâchement assassinés par les terroristes islamistes sanguinaires, ennemis de la plume et du savoir. Déjà sur les lieux, des gerbes de fleurs ont été déposées en catimini par le chef de file du FLN, Abdelaziz Belkhadem, et un représentant du ministère de la Communication. Lors du dépôt du bouquet de fleurs sur la stèle où sont consignés les noms de tous ceux qui ont payé chèrement de leurs vies, le représentant de la FIJ, Nadir Benseba, a tenu à honorer la mémoire des confères et consoeurs, avant d’appeler à rester fidèles à leurs combat. Une association a remis un prix de reconnaissance au talent de Mohamed Benchicou, directeur du Matin, emprisonné deux années durant. Pour sa part, le P/APC de Sidi M’hamed a souligné que cette place deviendra un musée à ciel ouvert pour la sauvegarde de la mémoire collective.

Après la fin de la cérémonie, des représentants de l’UDR, déclaration et gerbe à la main, se sont recueillis sur la place chère aux journalistes. Exaspérée par la démobilisation des journalistes et l’absence des éditeurs de presse, la mère de Zinou, journaliste à Liberté assassiné pendant la décennie noire, bon pied bon œil malgré son âge avancé, a tenu à répondre présente. Elle nous rappelle que son fils n’a pas quitté le pays malgré la menace terroriste. « Il se rendait à la rédaction en bus, parfois, il faisait du stop. Ceux qui ne sont pas venus honorer sa mémoire, aujourd’hui, n’ont pas de nif. Vous êtes journaliste, écrivez, écrivez !», ne cessait-elle de répéter. Même le représentant de la FIJ, à l’instar de tous les présents, a lâché des mots de dépit face à la mémoire de l’oubli qui s’est installée au sein de la corporation.

Hocine Lamriben

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