Sarkozy et nous

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La France a désormais un nouveau président de la République. Elle aura donc un nouveau visage sur la scène internationale. Si, en effet, Nicolas Sarkozy a tracé, le soir même de l’annonce de son sacre, les contours de sa politique internationale, notamment en ce qui concerne la nature des relations qu’entretiendra son pays avec les Etats-Unis et l’Union européenne, les rapports de Paris avec Alger restent pour le moins un mystère, qui sera percé certainement dans les prochains jours. Le tout nouveau président de la France a néanmoins esquissé les grandes lignes de ce que sera sa politique, au moins dans l’espace méditerranéen et africain, aires dans lesquelles l’Algérie sera appelée à jouer un rôle central. Ainsi, Nicolas Sarkozy a lancé « un appel à tous les peuples de la Méditerranée pour leur dire que c’est en Méditerranée que tout va se jouer, qu’il nous faut surmonter toutes les haines pour laisser la place à un grand rêve de paix et à un grand rêve de civilisation », afin de « bâtir ensemble une union méditerranéenne, qui sera un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique ». Un message non encore décodé. Mais des récentes déclarations du futur chef de l’Etat français présagent déjà une extension de la coopération qu’entend établir la France avec les pays de la rive Sud de la Méditerranée. Cette idée d’un rassemblement des pays méditerranéens est avancée par le président français pour, notamment proposer une solution de rechange à la Turquie, en contrepartie du refus catégorique de son adhésion à l’Union européenne.

Du côté du continent noir, Sarkozy ambitionne d’établir des relations économiques liées par l’aide au développement pour permettre à Paris de contrôler les flux migratoires. « Je veux lancer un appel à tous les Africains, un appel fraternel pour dire à l’Afrique que nous voulons l’aider, aider l’Afrique à vaincre la maladie, à vaincre la famine, à vaincre la pauvreté, à vivre en paix. Je veux leur dire que nous allons décider ensemble d’une politique d’immigration maîtrisée et d’une politique de développement ambitieuse », a-t-il notamment dit. Pour ce qui concerne spécialement l’Algérie, Nicolas Sarkozy a mis en avant, il y a de cela quelques mois, des avantages d’une relation économiques forts. Il s’agit concrètement d’aider notre pays à développer une activité nucléaire civile en contrepartie d’une sécurisation de l’approvisionnement de la France en hydrocarbures. Mais si le nouveau chef de l’Etat français ambitionne d’établir des relations économiques privilégiées avec l’Algérie, les choses se présentent autrement sur le plan politique. Il apparaît des déclarations de Sarkozy que le Traité d’amitié que se sont promis Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika est déjà mis en veilleuse s’il n’est déjà enterré. Et Nicolas Sarkozy en donne un début de réponse il y a quelques semaines lorsqu’il évoquait l’amitié qui s’exprime, selon lui, beaucoup plus par les actes que par les mots. « Je ne signerai pas un traité d’amitié. Les actes comptent plus que les mots », prédisait-il. Et comme l’Algérie exige les excuses avant toute amitié, il ne faut pas compter sur le nouveau Président français pour changer la donne, lui qui refuse de parler de « repentance » parce que « les Français doivent être fiers de leur passé ».

D’ici à là, Bouteflika et Sarkozy vont probablement se rencontrer lors du sommet du G8 qui se tiendra les 7 et 8 juin prochain en Allemagne, puisque notre pays y est convié.

Ali Boukhlef

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