l Khalfa Mammeri vient d’éditer aux éditions Mehdi de Tizi Ouzou un ouvrage d’une haute valeur historique sur l’un des héros de la Révolution algérienne, Abane Ramdane en l’occurrence.
L’auteur, biographe reconnu de Abane, a entrepris depuis des lustres des travaux de recherche sur les principaux animateurs du Mouvement national et de la guerre d’Algérie. Abane, le faux procès, se veut une contribution à l’écriture de notre histoire et un travail de mémoire sur les tenants et aboutissants d’un évènement qui a marqué la guerre d’Algérie.
L’ouvrage est particulièrement digne d’intérêt, en ce sens qu’il contient un document explosif inédit, écrit par le colonel Ouamrane, l’un des protagonistes du mouvement national. Ce document authentique de quatre pages et demi, imprimé à l’aide d’une machine à écrire datant de l’époque et obtenu auprès d’un anonyme, est l’œuvre de Ouamrane lui-même. Il est signé le 15 août 1958 à Tunis.
Le document revient sur les circonstances de l’assassinat du chef du CCE (Comité de coordination et d’exécution) à Tefouan le 27 décembre 1957.
De prime abord, ce document note un post-scriptum de Ouamrane jurant “sur l’honneur que ces déclarations sont conformes à la réalité”.
Plus loin, il rapporte le dialogue entre cinq colonels : Krim Belkacem, Abdelhafid Boussouf, Bentobal, Mahmoud Chérif et Ouamrane lui-même. La discussion porte sur la nécessité de sa “liquidation ou de son (Abane) incarcération”. Ouamrane divulgue sa position : “En ce qui concerne la prison, je m’associe à vous, mais je suis contre la mort (…)”, écrit-il.
En page 155, description macabre : “Ce dernier (Abane) était allongé et avait été étranglé dans cette position à l’aide d’une corde par les deux éléments qui accompagnaient Boussouf à l’aérodrome”.
Khalfa Mammeri estime en conclusion qu’il faudrait “exiger un jury d’honneur irréprochable pour faire, une fois pour toutes, la lumière sur l’assassinat du rédempteur de la Révolution. L’Algérie aurait gagné la paix des consciences”. (page 139)
Nacer Maouche