l’Internet à l’âge de la pierre

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Si de Béjaïa à Tazmalt, en passant par Sidi Aïch, Ighzer Amokrane et Akbou le réseau Internet, doté de l’ADSL, donne satisfaction aux internautes en leur prodiguant une connexion dénuée de problème ; mais en revanche, dans la daïra d’Ighil Ali qui compte quelque 25000 habitants et la commune de Boudjellil qui en compte 13 000 le net encore à ‘l’âge de la pierre, infligé de piètres prestations de services.

Dans la maison de jeunes d’Ighil Ali où il y a le seul cybercafé du chef-lieu de daïra, on ne se plaint guère de l’affluence des internautes car il faut attendre un moment pour pouvoir dénicher une place. Seulement, le véritable calvaire des mordus du net reste l’insupportable lenteur à laquelle ils sont confrontés pour accéder sur le Web ou encore exécuter n’importe quelle opération de recherche. Illustration : l’accès par un utilisateur à sa boîte électronique requiert sans aucune exagération une dizaine de minutes. Pour avoir l’espace “écrire”, on est tenu d’attendre cinq minutes au minimum. Pour accomplir d’autres actions nécessaires à l’envoi d’un texte en mode “pièces jointes” et procéder au transfert des fichiers de la disquette vers le message, on doit patienter indéfiniment. Résultat, l’envoi d’un message devient une corvée qui nécessite un temps excessivement long et par ricochet, engendre un coût d’envoi élevé. Pis, il est des moments où on ne parvient même pas à obtenir l’affichage de la page sollicitée tant le débit de la connexion est faible. A Béni Mansour, où la situation n’est pas moins déplorable, les internautes impatients de voir venir l’ADSL prennent leur mal en patience. L’exploitant de l’unique cybercafé peine cruellement à amortir l’investissement consenti, car nombre d’internautes déçus par la médiocrité de la connexion sans ADSL vont ailleurs en quête d’une bonne prestation de service. En cause, il lui est difficile de se raccorder au réseau de Béjaïa qui s’appuie sur le simple téléphone tant le débit est faible et précaire.

Souvent, il ne trouve que rarement un serveur pour se connecter. En général, c’est celui qui indexe la minute de connexion au prix fort qui est recevable. Avec une connexion instable, le cybercafé qui offre des conditions d’accueil et d’hygiène irréprochables n’est pas attractif. Conséquence, il y a de journées où il ne tente de se relier à Béjaïa qu’en fin d’après-midi, tant il ne trouve pas de clients pour pouvoir au moins faire face au coût exorbitant de revient qui est de 160 DA en moyenne l’heure. Pour compenser le manque d’activité, le gérant, excellent informaticien de son état, se rabat, par souci de faire face aux charges (téléphone, loyer et maintenance), sur de petites activités de tirage (cartes de visite, plastification de documents) ainsi que les jeux attirant encore quelques enfants et adolescents en quête de sensations lucratives.

Une remarque pertinente fuse de la bouche de nombre d’internautes abordés sur l’état actuel du net dans cette région. Pour eux, entre la campagne et la ville, les inégalités sont flagrantes en matière de développement. Et de s’interroger : “les ruraux ne souffrent-ils pas déjà de tant de disparités et d’injustices pour oser ainsi leur proposer un réseau Internet de seconde zone ?”

Z. F.

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