C’est parti pour cinq ans encore

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De mémoire d’hommes et de femmes des médias, et même des téléspectateurs qui ont suivi la cérémonie en direct à la Télévision, jamais le siège de l’Assemblée n’était aussi plein depuis cinq ans, comme il l’était jeudi dernier. Normal, puisque l’avenir des élus du 17 mai est en jeu. Leur avenir parlementaire est lié à cette journée, durant laquelle le doyen des députés, Ahmed-Omar Ben Mahdjoub, 80 ans, procède à l’appel, comme le fait le maître devant ses élèves chaque matinée. Aussitôt la Fatiha prononcée et l’hymne national exécuté, les nouveaux parlementaires se précipitent dans les coulisses de l’Assemblée. De l’ambiance des retrouvailles pour certains, très peu nombreux, à la curiosité de découvrir un lieu de mythes et de rêves pour la quasi-totalité, tout passe.

Si le nom du nouveau président, Abdelaziz Ziari, ne faisait aucun doute, la question de la démission ou pas du gouvernement Belkhadem faisait oublier aux députés comme aux journalistes la cérémonie à laquelle ils viennent d’assister. Tandis que Louisa Hanoune préférait ressasser son discours, le chef du RCD, lui, trouve une occasion inespérée de dire tout le mal qu’il pense du pouvoir. Il enchaîne alors les points de presse. Tantôt pour dénoncer « une fraude massive », tantôt pour exprimer son mécontentement parce que « le gouvernement est maintenu ». N’empêche que Saïd Sadi a nommé un de ses représentants pour faire partie de la commission de validation des mandats. Un groupe de travail qui avait comme mission de rendre ses conclusions dans l’après-midi même.

Les deux chefs de partis, les seuls qui siègent d’ailleurs à l’Assemblée, n’étaient pas les seuls à susciter la curiosité des médias. Le comédien Ben Bouzid, à ne pas confondre avec le ministre, connu sous le sobriquet Chikh Atallah et élu à Djelfa, attire de nombreux journalistes, notamment de la presse arabophone.

Mais toute cette ambiance n’a rien rajouté à la journée. Parce qu’il fallait attendre le début de l’après-midi pour assister «aux choses sérieuses». C’était l’occasion pour les présents, dont certains avaient peur d’être déboutés, de confirmer leur statut et de connaître, officiellement cette fois, le nom de leur président. Mais pendant la pause, certains députés, issus notamment des petits partis et des indépendants, commençaient déjà les tractations pour la formation de groupes parlementaires. L’élection du nouveau président était l’exercice qui avait pris le plus de temps aux présents. Si l’opération de validation des mandats était passée comme une lettre à la poste, hormis la seule objection de Saïd Sadi, l’élection du troisième homme de l’Etat avait pris près de trois heures. Ce n’était pas dû au candidat du FLN, soutenu publiquement par les groupes, non encore constitués, du RND et du MSP, mais parce que deux autres candidats, Mohammed Benhamou du MNA et Boubekeur Derguini du RCD, sont venus troubler le jeu. Et dans ce cas, la loi exige un scrutin à bulletin secret.

Le temps de l’opération de vote n’avait pas fait que des malheureux. Le leader du RCD en a profité pour distribuer un tract. Et entre deux appels, Sadi fait un va-et-vient dans les couloirs de l’hémicycle pour se faire voir. Sans surprise, alors que l’horloge affichait 18 heures passées, le président de la séance proclame les résultats. Abdelaziz Ziari est élu avec 310 voix sur les 386 exprimées –trois députés avaient manqué à l’appel- tandis que son poursuivant, Mohamed Benhamou avait récolté 31 votants contre 23 pour Derguini. 22 députés avaient voté blanc.

La messe est dite. Le nouveau président s’était installé sur le perchoir pour cinq ans. Alors que Ziari lit son allocution, très circonstantielle, les députés quittent un à un l’hémicycle en attendant d’être appelés à des sessions « plus sérieuses ».

Ali Boukhlef

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