Selon le P-DG, de l’entreprise nationale d’électricité, Sonelgaz, une augmentation des tarifs, serait « inéluctable ». Un fait économique dans la mesure où l’impératif du développement des capacités productives de son entreprise induisant de faramineuses disponibilités financières destinées à l’investissement, devra fatalement se répercuter sur les prix à la consommation. Argument-massue de ce point de vue, et que ne saurait trop longtemps différer le pouvoir politique soucieux de la préservation de la paix sociale. Peut-être que le jour où cette mesure d’augmentation deviendrait incontournable, les autorités « piocheront » dans les réserves financières pour,à coups de subventions maintenir le niveau des prix de l’électricité dans des proportions qu’elles jugeraient raisonnables. Ce recours à la facilité à défaut d’une vision de politique économique à même de concilier relèvement du pouvoir d’achat et relance de l’appareil productif national, a dû s’imposer il y a quelques mois, à la faveur de l’augmentation du cours de la poudre de lait sur le marché mondial. Significative de l’état de l’industrie nationale de production de l’agroalimentaire, une hausse des cours du lait en poudre à l’international, et ce sont des millions d’Algériens qui subissent un déséquilibre dans leur régime alimentaire.
C’était pour le gouvernement d’autant plus funeste comme imprévu, qu’il se devait de le gérer à quelques encablures des échéances électorales qu’ont constitué les dernières législatives. Solution de génie : un accord a été conclu avec les producteurs privés qui prévoyait que l’Etat verse une compensation à raison de 15 DA le sachet de lait en contrepartie pour les entreprises de maintenir le prix de l’unité à son niveau soit, à 25 DA. Et il en est ainsi, à chaque perturbation du circuit commercial des biens de consommation alimentaires et autres, l’Etat intervenant tantôt à coups de subventions financières, tantôt en recourant à l’importation du produit, objet de tension dans l’objectif, pompeusement déclaré par le ministre de tutelle de « casser les prix »
Ce bricolage dans la gestion de la chose économique par nos dirigeants qui participe du gaspillage des ressources financières du pays est d’autant plus révoltant qu’a contrario un savant discours, pertinent et juste en soi nous est distillé dès qu’il s’agit de l’augmentation du pouvoir d’achat des Algériens. En ce sens que des autorités si promptes à puiser dans les caisses de l’Etat pour pallier politiquement à des défaillances économiques, sont des plus mal placées pour opposer à cette revendication sociale le préalable de la productivité et de la croissance économiques.
Car, enfin est-ce la faute du citoyen si pour cause de l’absence d’une réelle stratégie industrielle, voire d’une vision économique, nos entreprises de production laitières, par exemple, se trouvent incapables de faire face au moindre retournement des cours du marché mondial du lait en poudre ? Est-ce sa faute, si l’acte d’investir chez nous, seule planche de salut pour l’émergence d’une véritable économie de production, demeure l’otage éternel de la bureaucratie et de la domination du secteur de l’importation ? Du coup, la question pourrait être posée de savoir si selon la conception keynésienne de la relance de l’économie par la stimulation de l’offre serait à ce point illégitime, dans un pays où la soif de consommation des Algériens est une réalité.Pour peu cependant que l’on daigne réellement délier les chaînes de l’appareil économique national et débroussailler le maquis de l’Administration algérienne, ce qui, à l’évidence, dépasse de loin quant à sa faisabilité la responsabilité et l’influence de ce pauvre diable qu’est l’Algérien lambda.
H.O.