Un hymne à la tolérance et la fraternité

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Muette pour certains et bannie pour d’autres, l’histoire douloureuse de l’Algérie coloniale a toujours été un terreau de créations artistiques. Après un Rêve algérien sorti en 2003 et Algérie, mes fantômes en 2004, Jean-Pierre Lledo, documentaliste algérien vivant en France depuis 1993, revient sur les devants de la scène avec un long-métrage d’une durée de 2h35 minutes, sous le titre Ne restent dans l’oued que ses galets pour clore un cycle trilogique de l’exil. Le titre bien populaire est puisé dans l’arabe dialectal. L’avant-première mondiale du film, venu au monde sous la production de Naouel Film, l’ENTV (Algérie), Mille et un productions (France) et MLK (Espagne), sera donnée mercredi prochain à la salle Ibn Zeydoun à l’OREF. Le film s’interroge sur ce qui reste des débris mnémoniques de la cohabitation souvent passionnée entre juifs et pieds-noirs et Algériens berbéro-arabo-musulmans. « Ce nouveau film -sans aucune préméditation clôt pour moi une sorte de trilogie d’exil, qui a pour unité temporelle l’Histoire coloniale algéro-française, pour approche la fraternité et pour sujet principale la mémoire et l’identité », dira le réalisateur. Celui-ci en compagnie de ses quatre alter ego se donne la mission délicate de « revenir sur l’histoire de nos pères, sans animosités mais aussi sans oeillères… ». Les quatre personnages, en retournant, vers leurs origines d’est en ouest, de Skikda à Oran du début à la fin de la guerre d’Indépendance, reconstituent un portait inédit de l’absent. Le film décrit aussi les relations intercommunautaires forcées, comble de paradoxe, dans un climat de méfiance, de malheur, d’attraction et de respect. La fraternité l’emporte sur les discriminations et les haines sécrétées par la matrice tragique de la nuit coloniale. Ce long métrage, prouve que la génération d’avant-indépendance commence à sortir de la vision raciale et religieuse des rapports entre les gens. Le vœu de Jean-Pierre Liedo est plein d’humanité et de générosité il espère que son film « soit un appel à la non violence, un appel à inventer des nouvelles manières de changer le monde, une nouvelle éthique, une nouvelle pensée dont le principe premier serait l’inviolabilité de la personne humaine, y compris celle de l’adversaire ». Belle histoire de tolérance et d’acceptation de l’Autre. A signaler que Ne restent dans l’oued que ses galets sera présenté en avant-première mondiale, après la capitale, à Oran puis Constantine avant d’être distribué en salle dès les mois de septembre et ocrobre prochains.

Hocine Lamriben

Bio express

Né le 13 octobre 1947 à Tlemcen en Algérie, Jean-Pierre Lledo est diplômée du VGIK, institut de cinéma, de Moscou en 1976. Il a réalisé, en Algérie, plusieurs films documentaires, dont Comment ça va ? (1977), Le Flambeau brûlera toujours (1978), Jonction-Renaissance (1986), La Mer est bleue, le ciel aussi (1990), Bateau perdu (1993)… et deux longs métrages de fiction, L’Empire des rêves (1982) et Lumières (1989). Vivant en France depuis 1993, il s’échine à faire un travail documentaire sur la mémoire, les identités et l’histoire de l’Algérie contemporaine, Chroniques algériennes (1994), Lisette Vincent, une femme algérienne (1998), Un rêve algérien (2003), sélectionné en 2003 au festival de San Sébastien et premier prix du film documentaire à Montréal en 2004 et Alger, mes fantômes ( 2004), selectionneé, lui aussi, en 2005 au festival de New York ArteEast. Il est par ailleurs co-auteur du scénario de La Montagne de Baya de Azzedine Meddour (1997).

H.Lam.

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