»La responsabilité incombe aux contrôleurs »

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La Dépêche de Kabylie : juste après la catastrophe de Boumerdès, tous les doigts ont été pointés vers les constructeurs. Quel commentaire faites-vous ?Mouloud Kheloufi : C’est catégoriquement faux de penser que la faute revient au constructeur. L’entrepreneur n’a rien a voir dans cette affaire, car il est le dernier maillon de la chaîne. C’est un exécutant. Son travail commence sur le chantier une fois toutes les études nécessaires effectuées. Le travail du constructeur consiste à exécuter les consignes des autres maillons, c’est-à-dire les architectes, les ingénieurs, les contrôleurs, le CTC…en respectant les normes universelles. Le contrôle, que ce soit des matériaux de construction ou de l’assiette foncière, ne relève pas de son ressort. Cette tâche revient aux services de contrôle. Le problème se pose d’ailleurs à leur niveau. Il y a une défaillance et un manque flagrant de laboratoires.

Ainsi, vous vous lavez les mains de cette catastrophe ?Si le choix des matériaux n’a pas été fait convenablement, ou l’étude de sol a été mal réalisée, ce n’est guère la faute du constructeur. Il peut y avoir, certes, des failles à son niveau, mais elles seraient négligeables. Car je tiens à le répéter, le constructeur se positionne en dernier de la chaîne de construction. On ne peut savoir par exemple si le ciment est de 350 G ou de 150 G ou si le fer à béton est suffisamment résistant. C’est aux contrôleurs de le vérifier.

Que préconisez-vous pour qu’une telle catastrophe ne se reproduise plus ? …. Nous, en tant qu’association, avons pensé à élaborer une charte pour nos adhérents dans laquelle nous définissons les devoirs et les droits des entrepreneurs. Notre initiative a été motivée par le fait que suite au terrible drame humain provoqué par le séisme, des suspicions se profilaient autour des entreprises privées. C’est la raison d’ailleurs pour laquelle nous avons opté pour l’élaboration de cette charte. Une démarche pragmatique de rupture et de refondation que nous proposons à nos adhérents. Notre ambition est de réhabiliter l’image de la profession du bâtiment et de rendre enfin possible une cœxistence entre l’intérêt général et l’intérêt privé.

Propos recueillis par W. O. H.

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