L’écriture de l’histoire du peuple algérien pendant la longue nuit coloniale a été l’apanage des écrivains et historiens de la puissance occupante. On est, alors, à peine étonné des élucubrations d’un Louis Bertrand qui pensait et disait que, en mettant les pieds en Algérie, la France ne faisait que “retrouver une partie de l’Afrique latine” perdue pendant plusieurs siècles ; d’où la trouvaille qui a pu investir pour longtemps les bancs de l’école où on apprenait aux indigènes que leurs ancêtres étaient les Gaulois.
La falsification de l’histoire et la scotomisation d’une partie de celle-ci avaient leurs théoriciens et idéologues ainsi que leurs praticiens dans les écoles et les médias. C’est véritablement un parti pris appartenant à une grande entreprise de déculturation/acculturation propre à l’idéologie coloniale.
Parallèlement, des recherches ethnographiques ont été réalisées par des personnalités officielles, des militaires ou des hommes d’église, qui ont pu révéler de grands pans de l’histoire d’Algérie contemporaine ou antique. Ces recherches, consignées dans des ouvrages spécialisés, ont connu une diffusion limitée. Leurs auteurs n’ont pu s’imposer dans le cercle des historiens que très difficilement tant était forte la volonté de maintenir la chape de silence sur les réalités historiques, sociales et culturelles d’une terre considérée comme le nouvel eldorado de la plèbe et du lumpenprolétariat de la métropole et même de toute l’Europe méditerranéenne.
Charles-Robert Ageron, Charles-André Julien et d’autres chercheurs versés dans la sociologie comme Jacques Berque et Yves Lacoste ont naturellement donné leurs lettres de noblesse à l’étude des sociétés maghrébines colonisées en mettant en relief la profondeur historique des peuples en question, les différentes civilisations qui les ont marqués et leur capacité à s’assumer en tant que sociétés organisées d’une façon autonome par rapport aux schémas coloniaux.
L’on se doute bien qu’une historiographie qui a longtemps fait l’impasse sur les réalités anciennes du pays ne puisse nullement se prévaloir d’un quelconque professionnalisme au sujet d’une guerre présentée pendant des décennies comme une simple opération de ‘’maintien de l’ordre’’ en Algérie ou, plus confusément, comme les ‘’Événements d’Algérie’’.
Les Français et l’histoire de la guerre d’Algérie
En effet, après l’indépendance du pays, deux ou trois livres fétiches ont tenu le haut du pavé de l’autre côté de la Méditerranée au point de constituer une référence incontournable ici même en Algérie. Nous pensons, en premier lieu, à Yves Courrière qui, avec ses quatre tomes sur la guerre d’Algérie, s’est fait un nom même dans les chaumières les plus reculées du Djurdjura ; ces livres publiés entre 1968 et 1971 (Les Fils de la Toussaint, Le Temps des léopards, L’Heure des colonels et Le Dernier quart d’heure) ont connu une fortune extraordinaire en Algérie malgré- ou à cause de- leur interdiction par le pouvoir politique d’Alger. Ces volumes ont longtemps accompagné, sous le manteau, les lycéens et les étudiants des années 70 et 80. Et pourtant, ces ouvrages ne constituent nullement une œuvre scientifique. C’est plutôt un ensemble de reportages émaillés d’histoires anecdotiques à la limite de l’histoire romancée. Un autre ouvrage est le produit du général Jacques Massu, La Vraie bataille d’Alger, (éditions Plon, 1971), qui présente la Bataille d’Alger sous le regard unilatéral du ‘’bon soldat’’ qui a tenu à ‘’sauver’’ des vies humaines menacées par les ‘’insurgés’’ qui déposaient des bombes dans les lieux publics et qui ne voulaient pas ‘’entendre raison’’.
Dans le fatras d’ouvrages qui ont vu le jour après l’indépendance d’Algérie, il y en eut bien sûr qui méritent de figurer dans la lignée des grands témoignages caractérisés par un minimum d’objectivité. Parmi les auteurs les plus connus, figurent Henri Allègue avec son témoignage sur la torture intitulé La Question, éditions de Minuit 1960, mais qui n’a connu de véritable fortune qu’après 1962, et Pierre Vidal-Naquet avec ses quatre ouvrages : L’Affaire Audin, La Raison d’Etat, La Torture dans la République et Les Crimes de l’armée française.
Pour le lecteur algérien actuel, quels que soient les efforts loyaux qui sont déployés par les historiens, les témoins ou les écrivains de l’autre rive de la Méditerranée, ce sont d’abord aux siens qu’il adresse la question de savoir comment la mémoire de cette guerre atroce est, ou doit être, sauvegardée.
L’Histoire et ses histoires
L’historiographie officielle en Algérie est mue par la logique d’éviter les embarras d’un ‘’panier à crabes’’, d’éliminer de la mémoire collective des personnalités de premier plan et de ‘’scotomiser’’ les zones les moins glorieuses de la guerre de Libération. On avait proclamé : “Un seul héros, le peuple” ! Sous ce magnanime et généreux paradigme de fausse humilité se cachent toutes les manœuvres d’exclusion.
Sous le régime du parti unique qui a bâillonné la société et proscrit toutes les libertés, y compris celle d’écrire l’histoire du pays, la vérité sur la guerre de Libération était celle établie par le prince du moment. Il est tout à fait évident que même les acteurs de cette guerre se sont retrouvés dans une situation inconfortable où le souvenir encore vivace de la tragédie ne permettait pas de prendre le recul psychologique et pédagogique nécessaire.
C’est dans la clandestinité que circulaient les quelques ouvrages de Mohamed Harbi publiés aux éditions “Jeune Afrique” à Paris à la fin des années 70 et au début des années 80. Il faut dire que l’on risquait gros en se baladant avec Les Archives de la révolution algérienne ou Le FLN, mirage et réalité, deux livres écrits par cet auteur qui cumule les qualités d’ancien combattant et d’historien. Le regard de Mohamed Harbi sur le Mouvement national et sur la guerre d’Indépendance a l’avantage de tenir à la fois de la vision de l’historien universitaire, de l’analyste des faits sociaux et de l’homme pétri par les événements. Il situe le travail consigné dans Le FLN, mirage et réalité dans ‘’une analyse des controverses et des conflits qui ont déchiré le nationalisme populaire en Algérie entre 1946 et 1962. Il constitue la première partie d’un projet plus vaste qui porte sur la société algérienne’’.
A la tête de ce livre, il place une citation de Paul-Louis Courier portant sur l’impérative nécessiter de témoigner et d’écrire l’histoire : « Laissez dire, laissez-vous blâmer, condamner, emprisonner, laissez-vous pendre, mais publiez votre pensée. Ce n’est pas un droit, c’est un devoir, étroite obligation de quiconque a une pensée de la produire et mettre au jour pour le bien commun. La vérité est toute à tous. Ce que vous connaissez utile, bon à savoir pour un chacun, vous ne le pouvez taire en conscience. Parler est bien, écrire est mieux : imprimer est excellente chose « .
‘’On ne peut se guérir d’un traumatisme par refoulement’’ affirme Harbi dans Algérie-Actualité du 2 avril 1992, en ajoutant : “Notre enseignement n’a pas décolonisé l’histoire, il en a fait seulement le miroir inversé de l’histoire coloniale (…) L’histoire ne peut être ni une addition, ni un entrecroisement de mémoires. Et si on la réduit à cela, on perpétue ce qu’on veut guérir, les traumatismes de l’autre et les incompréhensions’’.
Au sujet de son livre Les archives du FLN, Harbi affirme qu’il a publié ces documents, considérés comme une inestimable matière première, pour aider les chercheurs de notre pays à “penser par eux-mêmes”, à ne pas se fier au discours officiel, à en finir avec l’histoire de type triomphaliste et l’épopée guerrière qui banalise une tragédie.
Pendant la période du parti unique, très peu d’ouvrages ou de travaux scientifiques ont été réalisés sur la guerre de Libération nationale. A un certain moment, c’était le secrétariat permanent du FLN qui se chargeait de ‘’réécrire l’histoire de la révolution’’ dans des séminaires qui n’ont rien à envier aux réunions du Comité central du parti. » L’histoire est vécue comme un enjeu politique. C’est elle qui fonde la légitimité du pouvoir, l’accès aux sources et aux privilèges. Si on veut que l’histoire devienne une école civique, il faut l’arracher aux idéologues et aux censeurs et laisser les historiens travailler librement. Il est temps de repenser l’identité algérienne comme une dynamique orientée vers un contrat entre Algériens de toutes tendances et de toutes origines », estime Harbi.
Comment se réapproprier l’histoire ?
Nous savons que la devise “Un seul héros, le peuple’’ développée par le pouvoir politique juste après l’Indépendance ressemble à l’enfer qui est pavé de bonnes intentions. Cette affirmation que le commun des citoyens peut comprendre comme étant une façon de valoriser l’apport de toute la population à la révolution armée et d’éviter de focaliser les regards sur d’éventuels leaders charismatiques ou à tendance ‘’zaïmiste’’, est pourtant destinée à casser l’ennemi politique présent en lui déniant, par une généralisation douteuse, les mérites et les qualités de combattant d’hier. C’est une façon spécieuse et diabolique de légitimer le pouvoir établi de facto après l’Indépendance. « Les noms propres, les acteurs historiques n’ont guère le droit à l’existence dans les publications algériennes (…) L’idéologie nationale, c’est-à-dire l’exploitation du capital idéologique de la guerre, qui donne sa raison d’être au FLN, est appelée à servir d’illustration et de légitimation de l’État ; elle substitue une ligne univoque à la polyvalence de la culture nationale ; elle prétend même diriger l’écriture de l’histoire « , écrit René Galissot dans la revue Temps modernes d’avril 1986.
Dans le même contexte, Harbi écrit dans 1954, la guerre commence en Algérie (éditions Complexe-1998) : « Les gouvernants algériens s’y référent pour légitimer leur pouvoir et l’opposition pour pleurer la révolution manquée ou déplorer l’espérance trahie. Le débat sur le legs de la révolution anti-coloniale est encore sacrilège. Toute critique, même mesurée est considérée comme une hérésie. Mais comment se résoudre à accepter que l’histoire soit niée et vidée de son contenu quand on sait que le legs révolutionnaire pèse lourdement sur la capacité des Algériens de déchiffrer leur présent et de s’imaginer un futur » ?
En plein règne de la chape de plomb où la liberté d’expression était confisquée et l’idéologie du parti unique était la seule ‘’philosophie’’ admise, des tentatives d’écrire l’histoire du Mouvement national et de la guerre de Libération ont été menées par certains intellectuels et universitaires. C’est d’ailleurs ce label ou cette ‘’justification’’ universitaire qui a permis à certaines œuvres de voir le jour comme L’Algérie en guerre de Mohamed Taguia. Publié en 1981 aux éditions de l’OPU, cet ouvrage qui comprend 800 pages reprend une thèse universitaire à diffusion très limitée. Elle est basée sur des archives et des témoignages d’une valeur historique inestimable. D’autres livres ont abordé l’histoire du Mouvement national et de la guerre de Libération dans les limites de ce qui pouvait se faire dans cette période de dictature. D’autres livres ont été édités à l’étranger par des acteurs bannis, exilés ou en résidence surveillée. Nous avions droit, entre autres, aux publications de Mahfoud Kaddache, commandant Azeddine (On nous appelait les fellagas, Ed. Stock-1976), Slimane Chikh (L’Algérie en armes), Yacef Saâdi (La Bataille d’Alger, Ed. Enal-1984), Ali Haroun (La 7e wilaya, Ed. Le Seuil-1986)), Ferhat Abbas (Autopsie d’une guerre, Ed. Garnier-1981), Hocine Aït Ahmed (Mémoire d’un combattant, Ed. Messinger-1983).
Après les événements d’octobre 1988 et les premières tentatives d’ouverture démocratique, un nouvel air semble souffler sur la réappropriation de l’écriture de l’histoire de la guerre de Libération par les universitaires, les intellectuels et les acteurs eux-mêmes. Des thèses, des traités et des mémoires sont publiés en Algérie et en France concernant cette période tourmentée de l’histoire nationale. Des auteurs qui ont déjà publié auparavant ont continué leur travail dans une ambiance de profusion de témoignages provenant des anciens combattants ou militants de l’ALN/FLN, de militaires français ayant exercé en Algérie et de simples citoyens ayant tenu à témoigner des horreurs de la guerre. Mohamed Harbi, outre les ouvrages historiques qu’il a continué de produire, a publié un témoignage autobiographique Un homme debout et a codirigé avec Benjamin Stora un volumineux ouvrage (728 pages) sous l’intitulé La Guerre d’Algérie-1954-2004 La fin de l’amnésie. De la mémoire à l’histoire aux éditions Robert Laffont (2004). Dans l’introduction à cette somme à laquelle ont collaboré 25 chercheurs algériens et français, les deux auteurs écrivent : » La construction du discours historique se fait dans la multiplicité des points de vue en fonction des interrogations de chacun. Mais, le traitement doit demeurer objectif et le conflit sur la méthode reste analogue à celui que connaissent toutes les recherches scientifiques. Cinquante ans après le 1e novembre 1954, par le travail historique, la pluralité des motivations émerge peu à peu derrière les positions frontales et catégoriques que l’on a dessinées à grands traits après 1962 entre adversaires et partisans de l’Algérie française. La guerre tend à s’éloigner des turbulences passionnelles et du traumatisme collectif pour devenir un objet d’histoire « . Dans le corps de l’un des chapitres, Harbi précise que l’enjeu de ce travail est “d’identifier clairement la dynamique historique de l’Algérie pour contester les représentations du révisionnisme sur certaines séquences du drame algérien’’.
A l’occasion de la parution de ce livre en France, Benjamin Stora, codirecteur de l’ouvrage, explique la faiblesse de l’écriture de l’histoire en Algérie : « Il y a plusieurs raisons à la faiblesse de l’écriture de l’histoire en Algérie. Il y a en premier lieu un problème de liberté de circulation. Pour consulter les archives, il faut aller en France. Par ailleurs, l’accent n’a pas été mis pendant de nombreuses années en Algérie sur l’écriture de l’histoire contemporaine. Celle-ci était un sujet tabou, un sujet de légitimation politique et son écriture était manichéenne. Ce qui n’encourageait pas les jeunes chercheurs à se mettre au travail (…) En Algérie, les jeunes ne se sont pas situés dans un héritage historique ; ils ont été obligé de réinventer une histoire ; de construire des mythes. Ces trous de mémoire ont donné ce que l’Algérie a connu dans les années terribles de la décennie 1990. Au cours de cette décennie sanglante, l’intelligence a été touchée soit par les assassinats, soit par l’exil. On ne peut pas demander aux Algériens à la fois d’affronter la cruauté du présent, de se tourner vers le passé, d’écrire l’histoire’’ (in El Watan du 21 mars 2004).
Quoiqu’il en soit, et malgré les circonstances dramatiques qui ont suivi les événements d’octobre, des témoignages sous forme de mémoires ont fait florès dans le paysage éditorial algérien. Des acteurs importants de la guerre de Libération ont voulu témoigner et transmettre le message à la jeune génération qui n’a rien connu de cette guerre. Le livre d’Ali Zamoum, Tamurt Imazighène, est une autobiographie riche en matière de renseignements historiques et, en même temps, plein d’émotion du fait que l’auteur fait aussi œuvre d’écrivain. Son compagnon d’infortune à la prison de Barberousse dans la cellule des condamnés à mort, Daniel Timsit, un Juif algérien qui a épousé la cause nationale, a lui aussi écrit des mémoires poignants où l’on retrouve des pans entiers de la vie de l’auteur liés à la guerre d’Algérie : Algérie-Récit anachronique (Bouchène-1998) et Suite baroque-Histoires de Joseph, Slimane et des nuages (Bouchène-1999). Notre algérianité, dit-il dans un entretien avec El Watan du 25 octobre 1999, c’est notre conviction d’instinct, d’évidence, d’appartenance à la même nation, au même destin, à la même communauté d’avenir et ce, que nous soyons Juifs, Kabyles, Oranais,…La guerre de Libération a été un acte fondateur dans la longue histoire de la nation algérienne. Cette commune expérience qui fait la mentalité algérienne (souffrance, courage, difficultés à affronter,…) fait socle’’.
Nommer les acteurs
Il est aujourd’hui temps de nommer les acteurs de cette Révolution qui, avec la révolution vietnamienne, constitue un cas spécifique de la décolonisation du milieu du XXe siècle. Nommer les éléments de l’élite qui ont conçu et mis en pratique l’action révolutionnaire ne diminue en rien les mérites de la base populaire dont ils sont issus. Le groupe des 22, le groupe des 9 et, enfin, le groupe des 6, ce n’est pas une fiction ou un magma amorphe. Ce sont des noms de jeunes Algériens qui ont pris leurs responsabilités historiques pour dire au peuple que nous pouvons nous libérer du colonialisme ; ils ont joint le geste à la parole.
Plus d’un demi-siècle après le Congrès de la Soummam qui a fixé le cadre théorique de la révolution- révolution démocratique et sociale et primat du civil sur le militaire et de l’intérieur sur l’extérieur-, qui a organisé le territoire en régions pour s’adapter aux nécessités de la guerre et qui a fourni à la Révolution les structures et les énergies humaines appropriées, le nom de son concepteur, de son architecte et de son ‘’cerveau’’, en l’occurrence Abane Ramdane, n’est pas totalement sorti de l’ambiance et de la culture d’inquisition qui a prévalu depuis son assassinat par ses frères d’armes. Pour certains, il est toujours un hérétique. Pour preuve, les immondes réquisitoires posthumes de pleutres ou de vieux canassons par lesquels on a essayé, au cours de ces dernières années, de traîner dans la fange la figure la plus emblématique de la révolution de novembre. Pour les autres, la majorité des intellectuels, de la société civile, des partis démocratiques, des historiens et de tous ceux qui sont animés de probité et de bonne foi, Abane Ramdane demeure un repère indélébile, un fanal qui ne se ternit jamais et qui fait converger toutes les énergies et toutes les volontés saines que compte notre pays pour non seulement explorer des horizons nouveaux, mais aussi et surtout pour décider de la marche à suivre pour asseoir définitivement la liberté, la justice, le développement, la démocratie et la modernité sur la terre d’Algérie. Le nom de ce héros qui a subi une injustice historique n’a commencé à sortir de l’ombre et des limbes de l’idéologie castratrice du pouvoir qu’à partir de l’ ‘’ouverture démocratique’’ de 1989, bien qu’un ouvrage de Khalfa Mammeri sorti avant cette date ait pu casser quelque peu la chape de plomb qui pesait sur ce personnage historique.
Depuis le milieu des années 1990, Il semble que le champ de l’écriture de l’histoire de la guerre de Libération algérienne commence réellement à s’ouvrir à tous les genres d’écriture (thèses, témoignages, biographies, autobiographies, mémoires, fiction littéraire,…) et cela dans un climat de sérénité permise par le recul par rapport aux événements qui datent d’il y a un demi-siècle. Des points noirs de ce douloureux épisode commencent à être plus ou moins éclaircis. Mais les acteurs qui ont survécu à cette grande épopée du 20e siècle commencent à être touchés sérieusement par l’âge ou à disparaître :Tayeb Boulahrouf, M’hamed Yazid, Benyoucef Ben Khedda, Saâd Dahlab, Boudiaf, Ferhat Abbas, Mostefa Lacheraf ne sont déjà plus de ce monde. Alors, il y a certainement urgence à ce que ceux qui sont encore en vie témoignent et transmettent leur capital historique immatériel aux générations montantes.
En somme, l’écriture de l’histoire de la guerre de Libération nationale demeure un livre inachevé.
Amar Naït Messaoud
