Les réformes de Ghlamallah

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Un comité composé de 38 personnes désignées par le ministre Ghlamallah sera chargé d’étudier le dossier et de préparer le terrain pour, ensuite, le transférer au niveau de l’inspection ministérielle qui se chargera de formuler le projet en un texte de loi qui sera présenté, avant la fin de l’année, en Conseil des ministres.

L’idée consiste à créer de nouveaux postes, plus spécifiques, pour fluidifier la gestion des mosquées et répartir les tâches selon les performances des personnes engagées. Le projet implique aussi plusieurs réformes quant au statut de l’imam, ses prérogatives et ses champs d’activité. Parmi les changements essentiels programmés par le ministère : l’obligation de signaler l’acte de mariage au niveau de l’administration avant de lire la  » Fatiha « . Ce point a soulevé nombre de protestations en raison de l’ancrage ancestral de cette tradition, notamment pour les couples non encore majeurs pour se marier. Cette pratique, argue le ministre, a toujours été nuisible aux droits de la femme en cas de divorce vu que la loi ne reconnaît pas les mariages traditionnels non certifiés par l’administration.

Quant à l’activité syndicale des imams, le ministère reste dans le vague et n’arrive toujours pas à se prononcer quant à l’introduction de cet alinéa. D’une part, le ministère reconnaît aux imams le droit de se regrouper dans un cadre syndical comme tous les fonctionnaires de l’Etat ; et de l’autre, il y a l’ombre noire des pratiques politiques douteuses, dans les années 90, issues des activités syndicales des hommes religieux. Par ailleurs, le ministre ne trouve pas nécessaire la création de ce syndicat puisque le ministère procure suffisamment de canaux et de bureaux spécialisés à l’écoute des imams et leurs revendications.

Le projet vise, entre autres, plusieurs autres points non encore pris en considération jusqu’à ce jour. Exemple : la formation des imams, les paramètres de choix des imams envoyés à l’étranger, notamment en France, la prise en compte du niveau d’instruction des imams recrutés, la hausse des salaires, l’octroi des logements de fonction, la nouvelle condition des imams promus par les zaouias…

On observe parmi les thèmes traités par ce projet deux points essentiels concernant, d’une part, l’habit officiel de l’imam et, d’autre part, le contrôle régulier de ses performances et sa rigueur professionnelle. Pour le premier point, le ministère projette d’unifier la tenue officielle de l’imam.

Cela impliquera l’interdiction de porter des tenues différentes selon le penchant doctrinaire et le degré de fanatisme de chacun. Ainsi, il n’y aura plus de tenue afghane, saoudienne ou iranienne (moins présentables les unes que les autres) mais ce sera une tenue officielle, désignée par le ministère, qui traduira à la fois l’esprit musulman et l’identité algérienne. Pour le contrôle des activités des imams, le ministère optera pour la création d’un comité d’inspection chargé de rendre compte des activités des imams, leur performance et leur ponctualité. Cela vient en réponse au terrible chaos qu’ont connu plusieurs mosquées de l’Algérie, résultant de l’irrespect des imams quant à l’heure exacte de l’appel à la prière et, notamment, l’usage abusif de leurs fonctions à des fins personnelles : pédophilie, incitation à la révolte, propagation d’idées extrémistes, formation indirecte de fanatiques et de futurs kamikazes…etc.

Ces réformes qui seront prêtes à l’emploi avant la fin de l’année courante sont certes louables sur le plan théorique. Mais la question se pose toujours quant au passage au stade de l’exécution : les comités et les responsables exécutifs de ce projet sauront-il mener à bien ces idées, pour le moment, parfaites? Ou bien, comme dans toutes les démarches s’opposant au culte traditionnel enraciné en Algérie, échoueront-elles à se concrétiser faute de rigueur et de discipline ? Le fanatisme religieux en Algérie restera-t-il coi face à ces réformes visant avant tout à le priver de son premier champ d’activité : les mosquées ? Nous le saurons, sauf en cas de retard (ce qui est attendu), avant la fin de l’année 2007.

Sarah Haidar

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