Elles sont au bord du désespoir mais décidées à aller jusqu’au bout afin de faire aboutir leurs revendications légitimes qui se résument à un toit décent pour leurs enfants. Houria, Fatma et les autres sont quatre femmes révoltées, venues hier à notre rédaction, pour dénoncer l’absence de leurs noms sur la liste contestée,affichée samedi dernier pour l’attribution des 60 logements sociaux dans la commune de Bourouba. Pire encore, elles stigmatisent les pratiques répréhensibles d’une poignée d’élus de la commune. » Le maire et ses valets « , fustigent-elles. Elles ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres familles lésées. » Il y a des gens qui ne méritent pas d’en bénéficier alors que leurs noms sont affichés. Des femmes victimes du terrorisme, des veuves et des divorcées se trouvant dans le besoin n’ en ont pas bénéficié. Des personnes ayant des commerces ont par contre eu le droit à un logement grâce à la corruption « , dénonce Houria, une femme divorcée. Et d’ajouter naïvement » même le président de la République a ordonné de distribuer ces logement pour les plus pauvres « . Toutes les quatre s’attaquent frontalement, preuves à l’appui, au maire de Bourouba et au premier responsable de la kasma du FLN de cette commune pour avoir versé dans la » tchipa » à grande échelle. Fatma, mère de deux enfants, et qui vit actuellement dans un garage, enseignante de son état, égrène un nombre de familles nécessiteuses qui n’ont bénéficié en fin de compte de rien. » Il y a des familles qui n’ont pas de cartes d’identité puisqu’elles sont des sans-domicile fixe. Neuf familles se trouvaient dans le compostage, après le séisme de Boumerdès. On leur a promis de les reloger. Mais on les a transférées vers leurs maisons toujours en ruine. De nombreuses familles vivent dans une terrible promiscuité « , nous dira-t-elle, les yeux étincelant de rage, avant de s’interroger : » Où est la priorité dans la distribution de ces logements ? ». Sa voisine, sœur d’une victime du terrorisme se dit avoir bénéficié d’une parcelle de terrain avec une autre personne ajoute-t-elle avec amertume » Mon avocate s’est rangée du côté du maire de Bourouba « ,. Pour sa part, Houria se dit prête à aller solliciter le procureur de la République sur ces faits gravissimes. » On en a marre. Depuis plus de 60 ans, Bourouba n’a pas bénéficié de logements sociaux. Ce n’est pas leurs enfants qui en bénéficient. Ce sont toujours les personnes qui viennent d’autres communes qui prennent leurs parts du gâteau. Chaque quota va de gauche à droite « , fustige-elle. Il semble que ces femmes ont la coupe pleine. Fatma est totalement désespérée. Elle, dont le mari est au chômage, ne sait que répondre aux interrogations incessantes de ses enfants. » Ma petite fille me dit souvent quand allons-nous avoir une cuisine comme les autres foyers. Je me demande comment je peux préparer des cours dans un garage exigu. Nous sommes des morts-vivants « , lâche-t-elle avec dépit. Se sentant trahie par l’attitude des ces élus, elle précise qu’elle ne votera pour qui que se soit. Et à sa camarade, une veuve, de dire » moi je n’ai jamais voté puisque je sais que je n’ai pas de droits. » Cette enseignante, au même titre que les autres femmes contestataires, exige sa qu’une commission d’enquête soit mise sur pied pour faire la lumière sur les conditions » suspectes » ayant entouré la dernière distribution des logements à Bourouba. En somme, ces femmes, jusqu’au-boutistes, ne semblent guère prêtes à baisser les bras. Elles sont déterminées à arracher leurs droits bafoués, quitte à ce que cela leur prenne tout le reste de leur vie.
Hocine Lam
