Un lobby néerlandais et des responsables du gouvernement derrière la flambée des prix de la pomme de terre

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La flambée des cours de la pomme de terre n’arrête pas de soulever interrogations et interprétations. La dernière en date est celle du directeur général du groupe Hasnaoui, Ibrahim Hasnaoui qui accuse, on ne peut plus clairement, un lobby néerlandais d’être responsable de cette situation. Ce lobby, a-t-il déclaré dans une conférence de presse, tenue au siège de la Société du développement agricole à Sidi-Bel-Abbès ; « maitrise le marché intérieur » de cet aliment à large consommation qu’est la pomme de terre. Cette mainmise sur le marché s’est concrétisée, a-t-il soutenu, « grâce à l’appui de hauts responsables gouvernementaux » qui, selon lui, « refusent l’arrêt d’importation des semences pourries qui coûtent à la trésorerie de l’Etat, pas moins de 70 millions de dollars » et en appuyant la production local de ces graines dans l’objectif, explique-il, est de « dilapider l’argent public », selon un confrère arabophone.

Poursuivant ses graves accusations, Ibrahim Hasnaoui soutient que les mêmes responsables gouvernementaux « tentent par tous les moyens d’empêcher l’aboutissement » de son projet de production des semences d’avant-saison de la première et deuxième génération, lesquelles, ajoute-t-il, « ont fait leurs preuves en termes de qualité ». Une qualité prouvée par les analyses effectuées par le Centre national de contrôle des semences et de leurs qualités. Ceci, observe-t-il est dû « à la crainte de ces responsables quant à leurs intérêts personnels ».

Que faire alors ? M. Hasnaoui répond que la seule solution pour mettre fin à cette dépendance néerlandaise est à chercher dans son projet de partenariat avec l’entreprise australienne « Technico », unique alternative, selon lui, à même de parvenir à mettre fin au problème des semences. Il explique que les semences importées des Pays-Bas sont de la 6e et 7e générations dont notre pays importe annuellement près de 120 000 tonnes. Ces semences, ajoute-t-il, sont destinées à la consommation pour une seule fois, tandis que celles des 1re et 2es générations pourraient être ensemencées sur plusieurs saisons et ne contiennent pas de maladies. Selon lui, ces graines permettront une meilleure productivité qui avoisinerait les 30 T/H, ce qui permettra à la production nationale de dépasser la moyenne de semences importées qui est de l’ordre de 18 T/H. M. Hasnaoui déclare que « si (mon) projet aura un franc soutien, le prix de la pomme de terre connaitrait une chute libre, avec un prix ne dépassant pas les 20 DA le kilo et qui serait disponible sur le marché ». Ce soutien, précise-t-il, ne serait-ce que d’ordre juridique, à savoir que l’Etat réforme les anciennes textes de lois pour permettre aux firmes de produire elles-mêmes, les semences.

Son projet dit-il, n’a aucunement besoin d’enveloppes financières conséquentes pour le généraliser à tous les agriculteurs car, a-t-il poursuivi, « 50 milliards de centimes pour financer l’ensemencement de 4 000 ha, est largement suffisant pour éradiquer le problème » de pénurie de la pomme de terre. Néanmoins, regrette-t-il, « les responsables des secteurs concernés refusent de reconnaître l’efficacité de son projet qui permettrait de se passer de l’importation et passer définitivement au stade de la production locale ».

D’autre part, le conférencier a fait savoir qu’il a laissé un délai s’étalant jusqu’au mois de septembre au gouvernement pour l’épauler dans son projet, en présentant des gages solides au partenaire australien qui à son tour, a menacé de rompre le contrat si les conditions nécessaires pour un partenariat, ne sont pas réunies.

Cela dit, l’orateur n’a, à aucun moment, cité les noms de ces responsables gouvernementaux qui sont objet de ces graves accusations et qui demeurent derrière le blocage de son entreprise, et partant de la flambée du prix de la pomme de terre qui n’affecte malheureusement pas uniquement le pouvoir d’achat des Algériens mais surtout le tissu économique du pays.

Yassine Mohellebi

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