Guérisseurs de marché, un nouveau créneau

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l Le métier de “guérisseurs” commence à prendre de l’ampleur pour s’incruster dans nos habitudes. Il y a peu, celui du marché d’Aïn El Hammam était seul à “dispenser des soins”. Concurrence ou évolution obligent, leur nombre s’accroit en fonction de la demande de ces paysans, souvent trop crédules pour se douter de l’arnaque. Bien qu’il existe différentes “spécialités”, les guérisseurs se retrouvent, ces derniers temps, à quatre, cinq voire plus à certains moments pour faire l’éloge de leur mixture aux innombrables vertus “grâce à la volonté divine”, comme ils aiment à le répéter.

C’est à coups de décibels qu’ils battent le rappel de ceux dont le mal n’a pu être guéri par la médecine classique. Le scénario se répète ainsi à chaque jour de marché. Le plus ancien trône, un micro à la main et vante à qui veut l’entendre, le mérite de ces mélanges bizarres qui, le plus souvent ne traitent pas une ou deux maladies mais un ensemble de maux aussi chroniques les uns que les autres. La panacée, mise en bouteille et exposée aux yeux des curieux, est recommandée aux insuffisants rénaux, aux impuissants à qui elle redonnerait vigueur, tout comme elle peut venir à bout de l’eczéma. Le médecin, malgré lui, ne s’embarrasse pas de faire appel à tous les saints et à invoquer Dieu. Plus loin, un attroupement se forme autour d’un sexagénaire, en torse nu. Nullement gêné par cette foule de curieux, dont il attire l’attention, il se prête de bonne grâce aux gestes grossiers d’un jeune homme qui se trouve être le héros du jour. Un briquet à la main, celui-ci s’escrime à faire fondre de la graisse de chameau qui lui permet de badigeonner le dos de son patient. Le produit serait un remède à bien des maladies, “même pour ceux qui souffrent de l’asthme”, nous confie un spectateur qui soutient que son fils en a été guéri. Plus loin encore, des tubercules informes qui s’avèrent être des truffes, inconnues chez nous, sont servis en lamelles “à écraser et à utiliser comme emplâtre sur les régions douloureuses”. Là, le vieux vendeur ne semble pas convaincre grand monde. La médecine traditionnelle a ses vertus, ce n’est un secret pour personne. Les anciens, qui ont utilisé diverses tisanes ou pansements à base de plantes, vous le confirmeront. Mais cela ne justifie nullement tous ces abus et tromperies dont sont victimes ces malades qui cherchent une planche de salut, après avoir essayé tant de médicaments.

Nacer B.

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