S’il est un nom incontournable dans l’univers économique de Bgayet, c’est bien celui de Issad Rebrab. En l’espace de quelques années, au prix de risques incalculables, il s’est taillé en même temps qu’un joli succès d’estime, un empire agro-alimentaire aussi important que diversifié.Né en 1944, à Taguemount Azzouz, à quelque 20 km de Tizi Ouzou dans une famille modeste, Issad Rebrab est marié et père de 5 enfants. Adepte forcé de la marche à pied dès sa plus tendre enfance non pas qu’il soit un accro de cette discipline, mais plutôt par nécessité, il n’avait en effet que ce moyen pour rallier l’école primaire la plus proche.Puis bénéficiant d’une opportunité autant salvatrice que rare à cette époque, il rejoint la France pour continuer son parcours scolaire et entamer des études de comptabilité financière. En Algérie, après un passage chez les pères blancs d’El Harrach, c’est l’école d’enseignement professionnel de “5 Maisons” qui l’accueillit. Le mariage avec l’enseignement fut fugace car après un bref passage, à la fin de son cursus, dans un collège à Constantine, il finit par créer son propre cabinet d’expertise comptable.1971, date charnière dans la saga de ce capitaine d’industrie, consacra son entrée, avec l’acquisition de 20% des parts d’une société la Socomag, dans l’univers fermé à l’époque de l’industrie privée. Puis, ce fut l’irrésistible ascension, jalonnée de coups de génie, de réussites qui font l’admiration et de quelques déboires liés à la décennie noire. La clé de la réussite se résumant chez Rebrab en un maître-mot : la rigueur ! 1975 marque la naissance de Profilor qui en quelques années, une poignée en vérité, passe de 4 employés à plus de 200. De rachat de sociétés en difficultés (Sotecom, SACM…) en investissements des bénéfices engrangés dans de nouvelles entreprises dont le fleuron était incontestablement Métal-Sider qui employait à Meftah plus d’un millier d’employés, Rebrab ne cesse de grimper dans le firmament de la réussite à l’algérienne, celle gagnée au prix de mille périls, à la sueur du front de celui où celle qui a osé ! Puis vint le coup d’arrêt, le couac qui aurait pu fait remettre en caisse, n’eut été le caractère trempé dans… l’acier de l’enfant du Djurdjura. En janvier 1995, coup sur coup, Métal-Sider et Métalor partaient en fumée, victimes de la folie des hommes, les dommages collatéraux sont immenses : plus d’un millier d’ouvrier au chômage, toute une région sinistrée. Malgré ce coup du sort, Rebrab a tenu à indemniser les ouvriers, jusqu’au dernier, avant de quitter le pays par mesures de sécurité. Revenu au pays sauver son activité de distribution (Agrograin), Issad a fini par succomber aux sirènes de l’industrie. Il se lance alors, ne doutant de rien et sûr de ses choix, dans le projet Cévital à Bgayet. Acceptant d’investir dans une zone marécageuse, ex-décharge publique dont personne ne voulait, Rebrab a pris un risque que beaucoup taxaient d’insensé. Mais il savait y faire, ce visionnaire hors normes. Résultats, un complexe gigantesque, unique en son genre chez nous, comprenant une raffinerie d’huile, une autre de sucre et une margarinerie. Cévital, entreprise familiale, c’est la grande œuvre d’Issaâd Rebrab, son extrême fierté. Ses projets, impressionnants par leur gigantisme, il sait parfaitement les ramener à ses dimensions, des dimensions humaines, sans afficher le moins du monde la grosse tête et sans jamais se déporter d’une humilité admirable, la marque des grands !
Mustapha R.
