l Après le gala de Massinissa, l’un des défenseurs actuels du patrimoine berbère, c’était au tour de Chaba Zahwanya d’offrir au large public présent à Ryadh Al Feth, mercredi dernier, une autre vision de l’art qui n’est pas forcément celle qui exige un haut niveau et le détachement de toute vulgarité populaire !
Ainsi, les jeunes en mal d’activités physiques susceptibles d’aérer les frustrations et, pourquoi pas, les évacuer, ont envahi la piste de danse dès que Sa Majesté Zahwanya a entonné sa première chanson. Malgré les efforts des éléments de la sûreté présents sur les lieux, le chaos n’a pu être maitrisé et l’ambiance générale frôlait la transe, effrayant ainsi les familles présentes et écorchant avec brio la réputation de « Alger capitale de la culture arabe » dans le cadre de laquelle ce gala fut organisé.
Comme un malheur ne vient jamais seul, la vénérable artiste, étant la seule à pouvoir calmer les esprits, a, au contraire, versé de l’huile sur le feu, en entonnant ses chansons les plus vulgaires, avec des mots et des allusions à peine voilées rivalisant dans leur paillardise avec le langage populaire le plus cru. Cela a évidemment fait fuir les familles pour laisser grande place aux inconditionnels de la vulgarité et les farouches ennemis de l’art métaphorique, qualifié par le public dont on cause de » langage chinois » !
Ce gala spectaculaire s’inscrit, rappelons-le, dans la manifestation d’ »Alger capitale de la culture Arabe » ; ce qui nous prouve une fois de plus, qu’en dehors de la désorganisation et le manque de goût dans le choix des artistes, « Alger Capitale » est loin de refléter et la culture arabe et la culture tout court ! Il est vrai que quelques manifestations se tenant ça et là en Algérie échappent à la terrible étiquette de désastre tel que le Festival international de « El Djamila » qui affirme une fois de plus son attachement aux valeurs suprêmes de l’art, le vrai, celui qui ne s’abaisse pas, qui ne rase pas trop le sol pour s’attirer la bénédiction d’un public voué à l’éternelle immaturité. Il est vrai que le raï peut compter parmi ses chevaliers quelques rares partisans de la haute qualité… Mais tout cela ne peut dénigrer le règne de la médiocrité dans la majorité des entreprises culturelles en Algérie. Les organisateurs du gala de mercredi passé auraient pu interrompre l’avalanche des insanités de l’honorable chanteuse mais non ! Le public aime ça, l’interruption du gala pourrait provoquer la colère et le fameux penchant « kamikaze » de ces jeunes en transes. Tant pis si « Alger Capitale » devrait refléter plus de culture que d’inculture ! L’essentiel est de faire de grosses recettes qui pourront justifier, ne serait ce que le tiers des phénoménales dépenses de l’Etat qui sont, tout compte fait, injustifiables ! Le gala de Chaba Zahwanya et les étalages de ses talents canailles ne sont qu’un exemple parmi des centaines d’autres qui mène toujours vers cette douloureuse vérité : Alger doit d’abord songer à « nettoyer » sa culture avant de penser à représenter la culture arabe.
Cela étant dit, bonne continuation pour le reste de la galère… !
Sarah Haidar
