Laisser une auditrice vociférer toute sa haine et “manger” à volonté du Kabyle durant trois quarts d’heure sur les ondes d’une chaîne nationale, et en direct s’il vous plaît, ne peut avoir comme seule signification que le partage du même ressentiment anti-kabyle chez l’animateur de l’émission. Salim Saâdoune avait toute la latitude technique et déontologie de couper l’antenne à l’auditrice. Vu le temps qui lui a été généreusement accordé pour brailler autant d’insultes envers les Kabyles sans aucune interruption nous permet de faire peser le doute que l’appel a été programmé sinon provoqué.
J’ai eu personnellement à relever chez ce même Salim Saâdoune une hostilité criarde à l’égard de la chose berbère. Et pour preuve, dans les années 96/97, alors qu’il était responsable à la Chaîne III, je lui ai suggéré d’animer un cours radiophonique de langue berbère destiné aux non-berbèrophones, en même temps que j’animais le même cours sur les ondes de la Chaîne II. Dans un premier temps, Salim Saâdoune a refusé de me recevoir. Après mon insistance, j’ai pu le rencontrer dans les couloirs de la chaîne et m’a signifié clairement qu’il ne pouvait accepter ma proposition car, me dira-t-il, “ le berbère n’est pas ma tasse de café et la Chaîne III n’est pas à Tel-Aviv”. La réaction de Salim Saâdoune était calquée étrangement sur celle de Caid Ahmed, alors responsable de l’appareil du parti du FLN, qui a déclaré en 1970 qu’il accepterait l’enseignement de l’hébreu en Algérie mais jamais celui du berbère.
J’ai immédiatement saisi le ministère de tutelle qui n’a jamais donné suite à ma protestation. Lorsque l’invective est sournoisement encouragée, cela mène inévitablement à la culture du racisme et Salim Saâdoune continue de collectionner ses prouesses anti-kabyles.
Abdennour Abdesselam