Rafik Saifi, converti attaquant

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Jusqu’à samedi, il fallait remonter au 3 mars 2001 et à un déplacement de Troyes à Bastia (2-2, 28e j.) pour trouver la trace de l’unique doublé de Rafik Saïfi (11e, 25e) en Ligue 1. Contre Monaco (2-1), six ans, cinq mois et huit jours plus tard, l’attaquant algérien est à nouveau parvenu à faire trembler à deux reprises (14e, 30e) au cours d’un même match les filets adverses. Au quart d’heure de jeu, au premier poteau, sa tête a surpris Roma. À la demi-heure, au second cette fois-ci, sa reprise à bout portant a laissé le gardien italien pantois. Saïfi buteur, ce n’est pas banal. Arrivé en France en 1999, il a attendu de poser les pieds à Lorient, la saison passée, pour atteindre son sommet personnel : 7 buts. C’est aussi la première fois qu’il était durablement positionné en pointe.  » Ce n’est pas un attaquant comme on le conçoit dans beaucoup declubs, explique Christian Gourcuff. Ce n’est pas un déménageur, c’est un très fin technicien. Il est aussi très costaud physiquement. Défensivement, il effectue un gros travail de harcèlement. J’estime cependant qu’il n’a pas la mentalité pour jouer dans un milieu tel que je le conçois. En revanche, ses caractéristiques correspondent bien à l’image que j’ai d’un attaquant. Il est très adroit. Dans le jeu de tête, il n’a pas une grosse détente mais un excellent timing. Son registre de feintes est phénoménal. À part Feindouno, aucun autre joueur en L1 n’est capable, comme lui, d’éliminer un ou deux adversaires, sans se déplacer, sur une prise de balle. Saïfi, 32 ans et demi, n’évoluera peut-être jamais dans un grand club. À Troyes (1999-2004), à Istres (2004-05), à Ajaccio (2005-06), il a réussi des coups d’éclat mais n’a pas marqué les esprits.  » Sa meilleure saison, c’est la saison dernière et ce n’est pas normal, vu son potentiel, estime Gourcuff. Ses caractéristiques d’individualiste ont certainement bridé sa carrière. Quand je vois les gestes qu’il a réalisés samedi, je me dis qu’il n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû avoir.  »

 » Depuis que je suis à Lorient, J’ai gagné en régularité, reconnaît l’intéressé. Je suis mûr, désormais. Et puis, il y a Gourcuff. Il ne me prend pas la tête, me donne plus de libertés. Il veut seulement que mes qualités, le dribble notamment, servent le collectif. C’est lui qui m’a placé plus haut. Avant, je jouais milieu, sur un côté. Devant, j’ai plus d’occasions. Je n’ai pas perdu mon temps, avant. Mais pour mes statistiques, c’est mieux.  » Cet été, Marama Vahirua a remplacé André-Pierre Gignac, parti à Toulouse. Saïfi a dû s’adapter au jeu de son nouveau compagnon de route.  » J’étais surtout chargé de tourner autour de Dédé (Gignac), explique-t-il. Avec Marama, c’est différent. Nous avons quasiment le même style de jeu. Le coach m’a demandé de prendre la profondeur quand Marama décroche et vice-versa.  » Cette nouvelle association devrait permettre à Saïfi de se retrouver plus souvent face au but adverse.  » Et il est très adroit, rappelle Gourcuff. Le meilleur Rafik est à venir. Je pense qu’il est capable de marquer plus de dix buts.  » Surtout si Vahirua est toujours aussi généreux. Samedi, le Tahitien lui a servi deux passes décisives

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