Les plages de la wilaya de Béjaïa semblent être celles qui répondaient le mieux au besoin de repos des enseignants de Tizi Ouzou. Nombreux sont ceux qui ont choisi Cap Aokas pour y séjourner, au bord de l’eau, dans un camp familial loué par la commission des œuvres sociales de l’éducation. Lors des deux dernières années, nous avons passé quelques jours en compagnie du personnel de l’éducation. C’est 120 familles par session (quatre au total) qui se succéderont jusqu’à la fin du mois d’août. Cette année, la durée du séjour a été réduite de deux jours, bien que le prix, lui, ait été revu à la hausse (5 000 dinars au lieu de 3500). Malgré le coût, les commodités offertes sont loin de répondre aux conditions espérées par les vacanciers que nous y avons rencontrés et qui ne cessent de se plaindre. Outre le manque d’organisation, les estivants sont confrontés au problème, ô combien important, de l’hygiène. Les détritus (papiers, feuilles d’arbres) jonchent les allées poussiéreuses, menant aux tentes, trop proches les unes des autres. Les cuisines qui consistent en trois murs recouverts de tôles et dépourvus de portes reçoivent des nuages de poussière au moindre souffle d’air. Par ailleurs, le camp jouxte un oued où se déversent les eaux usées de la ville. Les odeurs nauséabondes qui s’en dégagent, notamment la nuit, vous empêchent de dormir, surtout qu’elles sont mêlées à celles du Metbyl – paradoxe, un insecticide dangereux, distribué sans parcimonie aux vacanciers, pour faire face à l’invasion de fourmis dans les tentes. Hocine M’Hana, un encadreur chevronné, se démène jusqu’à des heures tardives, pour rendre agréable le séjour de ses collègues.
Cependant, seul, la tâche n’est pas aisée. Les habitués des camps évoquent avec nostalgie le séjour de Souk El Tenine, et dont nous nous sommes fait l’écho à l’époque.
Nous ne pouvons nous empêcher de faire la comparaison “c’était un palace,” nous dit un enseignant qui ne manquera pas de faire allusion aux responsables d’alors qui avaient dirigé le camp d’une main de maître.
Côté animation, c’est la routine. Outre les D-J, tous les trois jours, des excursions sont organisées mais aux frais de ceux qui désirent visiter les sites touristiques de la région, tels Cap Carbon (100 dinars par personne), Gouraya (130 dinars) et El Eulma dans la wilaya de Sétif (350 dinars). Pour une dizaine de jours de vacances, les maîtres doivent délier leur bourse.
Qu’à cela ne tienne, lorsqu’on veut s’offrir des vacances, on n’est pas trop regardant sur les dépenses. Malgré tous les aléas, les vacanciers s’en donnent à cœur joie sur la plage ou entre voisins de tentes. C’est cette convivialité d’ailleurs qui attire les férus du camping qui ne s’en cachent pas “je ne choisirais l’appartement pour rien au monde” nous dit l’un d’eux.
Puisque on y est, autant en profiter. Les estivants meublent leurs journées de la même façon. Le camp se réveille telle une ruche, dès les premières lueurs du jour. Les femmes (même en vacances) se dirigent vers la cuisine et les mâles vers le revendeur de pain et de lait. La grasse matinée c’est pour après. Les vacanciers veulent profiter des moindres moments de la journée. Ils n’ont pas fait des centaines de kilomètres pour dormir. La durée du séjour vous recommande en effet de savourer le moindre instant pour se gorger du soleil de la plage et “faire sa mue” pour exhiber son bronzage, une fois de retour. A huit heures, Samy, un jeune de Draâ El Mizan, a déjà sa serviette sur les épaules et s’apprête à descendre à la plage.
Il fait partie de ces insatiables qui ne quittent l’eau que le soir venu. Les filles, comme d’habitude, se hâtent de terminer la vaisselle et de préparer le déjeuner. Pour elles, la plage c’est après “leur devoir de ménagère” ou durant l’après-midi. Les jours passent vite et c’est déjà le retour. L’ambiance de fête dans le bus jusqu’à Tizi, laisse place à la tristesse de la séparation.
Les nouveaux amis s’échangent les numéros de téléphone et se promettent de se retrouver l’an prochain, en espérant dans de meilleures conditions.
Nacer B.
