Un mal sournois

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On se croirait au far west. Les kidnappings et les rapts en série suscitent un sentiment de légitime crainte chez la population. Il faut dire que ce phénomène, bien étrange à cette région et qui sort tout droit des scénarios hollywoodiens, n’a pas cessé de prendre des seuils intolérables. Inquiétant même ! Dix-neuf enlèvements assortis de fortes demandes de rançons ont été enregistrés depuis décembre 2005. Le dernier en date est celui de Draâ El Mizan ou des hommes armés, ayant kidnappée le fils d’un commerçant, ont exigé une rançon de 700 millions de centimes pour sa libération. S’il est vrai que tous les rapts ont connu des dénouements heureux, il n’en reste pas moins que la disparition de Amdjad Wahda, directeur régional d’une entreprise algéro-egyptienne, toujours introuvable, n’a pas livré tous ses secret. Entre terroristes et coupe-jarrets des temps modernes, la cible privilégiée est toute indiquée : la progéniture d’hommes d’affaires et de richissimes commerçants de la région. Un filon d’or inespéré. Acculés par le tarissement des réseaux de soutien et face au manque de moyens logistiques et financiers, les irréductibles de l’ex-GSPC tentent de se remplir les poches en procédant au racket et au rapt. Des opérations qui finissent parfois dans un bain de sang. D’autres éléments terroristes, tentés par la reddition, s’adonnent à cette pratique fortement lucrative dans le souci d’assurer une  » retraite dorée  » après leur descente des maquis. Autre élément de l’équation, l’apparition sournoise du grand banditisme. Profitant du micmac sécuritaire, des hordes de brigands ne s’encombrent d’aucun scupule pour détrousser les commerçants en se faisant passer pour des terroristes. Ils vont jusqu’à séquestrer l’enfant d’untel en contrepartie d’une  » fidya « , sonnante et trébuchante. Analogue à celui des terroristes, le modus operandi est parfois musclé, voire sanglant. En fin de course, terrorisme et banditisme sont le revers d’une même médaille. Un mal sournois. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire d’être un clerc pour constater que le retrait des éléments de la Gendarmerie nationale de la Kabylie, conséquence des événements tragiques de 2001, a beaucoup stimulé l’ego criminel des kidnappeurs. Cette situation ne pourrait constituer en fin de compte que du pain béni pour les éléments armés de l’ex-GSPC et autres gangsters. Confortés dans leur impunité, ils évoluent en terrain conquis. Entre temps, les citoyens, particulièrement ceux visés par ce phénomènent affiche, un profil bas, en réduisant au minimum leurs déplacements Au mieux, ils se donnent les moyens de défense en se payant les services de  » body guard « .

Hocine Lamriben

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