Les jeunes de la commune d’Akfadou se font de nouveaux looks. Peut-être pour se sentir ailleurs, ou une simple manière d’être soi- même, rien d’autre.«La félicité est dans le goût et non pas dans les choses, et c’est par avoir ce qu’on aime et non par avoir ce que les autres trouvent aimable», écrivait l’auteur de «Le degré zéro de l’écriture», Roland Barth. De nos jours, le monde est un petit village. Les gens peuvent être à la page de tout ce qui se fait à travers le globe. L’internet et les chaines de télévision numériques offrent une véritable fenêtre sur les plus lointains horizons.Dans les pays où rien ne bouge, ou presque, on se contente d’»importer» tout ce qui n’est pas de chez nous. On se sent si petits au point de minimiser notre apport à l’humanité.Notre vie quotidienne n’est pas à la marge des interminables changements et métamorphoses. Parfois, on se demande si nos gestes ne sont pas l’autre face du petit écran.Le hip hop fait, désormais, partie de nos modes, ce n’est plus étrange ou presque. Cette «mode de l’ailleurs» a vu le jour sous d’autres cieux, c’est-à-dire aux USA.C’est une manière de s’habiller, de chanter et de voir les choses differemment. C’est une philosophie de la vie.Grâce à des groupes de musique rap ce genre de tendance a fini par faire tache d’huile même dans les régions les plus reculées à l’instar de la commune d’Akfadou.Le hip hop est une forme d’anarchisme où les choses sont pèle-mèle. Il y a d’abord le look qui se distingue par une mode de vêtements originale. Idem pour la coupe des cheveux, outre, les différentes appréciations vis-à-vis de la musique, l’art et toutes les choses de la vie.En Algérie, ce phénomène s’est fait sa place dans les grandes villes telles Alger et Annaba. Il y a même des groupes de chanteurs qui se revendiquent de cette nouvelle tendance. Avec le temps, nombre de fans et de mégalomanes s’invitent progressivement dans ce monde dit «fabuleux».Ces derniers temps, même les petites bourgades du pays emboitent le pas aux autres régions.En effet, plusieurs jeunes sont à la mode hip hop, ils ne sont pas toujours bien vus, mais ces «fous de la vie», ne se gênent guère d’être traités de «voyous».Amine, 17 ans encore lycéen, fait partie de la génération hip hop. Les cheveux coiffés à l’«américaine», il porte souvent un body serré et un panta-court. Les écouteurs ne le quittent point. C’est une manière de vivre pleinement, «la folie de l’ailleurs». Avec les rythmes de la musique exotique, l’extase recherchée n’est plus très loin, elle est même palpable.«Être du style hip hop, c’est de s’habiller différemment, pas du tout comme le veulent les gens de l’ordre établi.Le choix des formes et des couleurs n’est dicté que par la propre attirance de tout un chacun, c’est la meilleure façon d’être zen», «estime le jeune aux yeux bleus.«Certains gens pensent qu’on est des papiches mais ils se trompent. On n’est pas du tout des suivistes qui tentent de se consacrer à des futilités. Au contraire, on est à la page. Notre préoccupation est de vivre pleinement, de jouir et de créer des espaces de beauté et de plaisir. Si cela dérange, dans ce coin, c’est vraiment grave. On ne peut pas être libre ?» s’intérroge le jeune garçon.Les filles ont aussi tendance à «débarquer» dans ces espaces d’ailleurs. «Même si la volonté féminine n’est pas du tout respectée dans une société d’hommes. C’est un défit de se faire un look bizarre», estime Karima, une jeune fille de la région qui est sur la voie de Amine.
Mohamed Cherif Zirem
