Femmes battues

Partager

Selon la ministre chargée de la famille et de la condition féminine, 9000 Algériennes ont été battues en 2004, généralement dans leur propre famille, par leurs époux, leurs pères et leurs frères. Et sans doute, il ne s’agit-là que des cas portés devant la justice. Sinon, c’est par milliers qu’il faut compter les femmes battues.Dans un grand nombre de familles, en effet, ce phénomène passe pour “naturel”, les coups étant considérés comme une façon de “corriger” la femme, voire pour certains de “l’éduquer”. Un plat mal cuit, la porte laissée ouverte, une remarque jugée déplacée, et c’est la gifle ou les coups de poing. On a même vu des maris, des pères ou des frères battre des femmes parce qu’elles regardent au balcon ! Dans cette conception rétrograde, la femme est toujours, quel que soit son âge, un être irresponsable, enclin à s’écarter du droit chemin, voire, si on n’y prend pas garde, à commettre l’immoralité ! L’homme est le tuteur naturel de la femme et l’on verra des gamins de dix ou douze ans commander leurs sœurs ou leurs mères, leur interdisant de sortir ou de parler aux hommes. Le plus grave est que des hommes instruits, détenant parfois de hauts postes, ont ce type de comportement avec les femmes de leur entourage. Modernistes à souhait avec les femmes des autres qu’ils côtoient dans le travail ou d’autres relations, ils sont intransigeants avec les leurs. On ne citera comme exemple que ce professeur d’université qui, il y a quelques années de cela, cloîtrait sa femme. En fait, ces comportements sont avant tout des comportements culturels, hérités de traditions aujourd’hui révolues mais qui ont la vie dure. Des traditions qui finiront par disparaître devant l’avancée inexorable de la société vers le progrès mais qui, pour le moment, font encore des dégâts.

S.Aït Larba

Partager