Du provisoire en attendant le concret

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Plus de 18 mois après que les grossistes ont décidé d’investir le site, le marché est aujourd’hui encore dépourvu de tout statut juridique ou administratif légalisant son exploitation. Cela n’a toutefois pas empêché les mandataires d’y maintenir une cadence d’activité régulière et assez conséquente sur le plan économique.Si la wilaya se refuse toujours de reconnaître l’existence même de ce marché, c’est parce qu’elle avait préalablement décidé de le transférer de Tizi Ouzou vers Tala Athmane. Une décision, faut-il le rappeler, qui n’a guère fait l’unanimité au sein des commerçants qui ont fini par se scinder en deux «pôles» adverses, réclamant, chacun de son côté, l’implantation du nouveau marché dans la commune qu’il juge la plus à même de l’accueillir. Et c’est comme cela qu’on a assisté à l’émergence de deux marchés parallèles à Tadmaït et à Tala Athmane. Toutefois, le bras de fer mettant aux prises les mandataires de Tadmaït aux autorités ne s’est véritablement endurci que suite à l’arrêté émanant du wali portant fermeture immédiate du site. Ladite décision demandait explicitement au maire de Tadmaït de procéder à l’exécution de l’arrêté dans les meilleurs délais. Mais celui-ci, apprend-on auprès de ses collaborateurs, n’a pu faire mieux que d’adresser des mises en demeure aux 200 commerçants du marché. L’APC de Tadmaït, ajoutent nos interlocuteurs est dépourvue de tout moyen dissuasif pour procéder à l’évacuation du site, à plus forte raison que les éléments de la brigade locale de gendarmerie ne sont plus en mesure d’assumer cette tâche pour des raisons que tout le monde connaît.Parallèlement à cela, on ne peut omettre de souligner que le refus des grossistes de se soumettre aux injonctions administratives du wali est étroitement lié à la «solidarité» indéfectible des citoyens de la commune, lesquels se sont affichés à maintes reprises auprès des mandataires en guise de soutien. Mieux, certains Tadmaitis ont ouvertement expliqué qu’ils n’hésiteraient pas à recourir à tous les moyens qui leur sembleront nécessaires pour «défendre» leur marché. A mieux y regarder, cette attitude paraît compréhensible, voire légitime, car Tadmaït est plus que jamais convaincue que l’implantation de ce marché est pour beaucoup dans l’absorbation de la délinquance. L’impact économique du site n’est guère moins considérable, car celui-ci a permis la création de près d’une centaine de postes d’emplois, dont les bénéficiaires sont des jeunes qui n’ont jamais pu accéder à ce «privilège» de toute leur existence. De fait, les tentatives de «régularisation» du marché étaient devenues un objectif commun que partagent les commerçants, la population, et à un degré moindre la municipalité. Les grossistes se sont organisés à plusieurs fois pour constituer une structure unifiée pouvant engager des tractations avec les pouvoirs publics.Par ailleurs, l’APC de Tadmaït a entrepris de multiplier les propositions de «réaménagement» du site dans l’optique de le rendre plus viable, et par ricochet, de rehausser ses «chances» de régularisation. Pour ce faire, la commune avait même proposé de transférer le marché vers un terrain agricole sis à proximité du site actuel. En dépit des innombrables avantages de cette nouvelle surface (terre marécageuse peu portée sur l’agriculture, proximité à l’autoroute Alger-Tizi, situation géographique idéale pour écouler les produits des deux wilayas de Boumerdès et Tizi Ouzou), la demande formulée à cet effet fut rejetée par les services de la wilaya en quelques jours. Une décision qui a eu comme effet immédiat de décourager toute nouvelle tentative de dénouement. Depuis cet épisode, les différentes parties du conflit se sont résignées à conserver leurs positions, et acquis respectifs. Le statut quo est tel que les deux marchés de Tadmaït et Tala Athmane ont maintenu chacun de son côté un volume d’activité incroyablement régulier.Toutefois, il en est ressorti de l’entrevue qu’on a eu avec le vice-président de l’APC de Tadmaït que cette dernière, tout comme les grossistes, d’ailleurs, est disposée à faire preuve de plus de disponibilité pour arriver à une solution définitive.

Ahmed Benabi

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