Une figure du théâtre et du cinéma français

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Marie-Christine Barrault est la nièce des deux acteurs de cinéma, Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault. Elle est mariée à un grand producteur de cinéma, Daniel Toscan du Plantier mort en 2003 puis avec Roger Vadim qui est décédé également, en 2000.

L’icône de l’écran français joue son premier rôle de cinéma dans,  » Ma nuit chez Maud « , d’Eric Rhomer en 1969. Elle est sollicitée, par la suite, à travailler auprès de nombreux et célèbres réalisateurs de l’époque dont, le Français Pierre Richard, l’Américain Woody Allen, l’Allemand, Volker Schlïndorff ainsi que Sophie Marceau, dans,  » La disparue de Deauville « , avec lequel, elle annonce son retour après 13ans d’absence de l’écran cinématographique.

Même si elle se consacre dans cette dernière décennie pour le théâtre, Christine Barrault se produit toujours pour la télévision.

Venue pour la première fois en Algérie, dans le cadre de présentations de lectures poétiques et romanesques, elle parlera, exceptionnellement de sa carrière cinématographique, même si elle est, ce soir là, ivre d’amour pour le quatrième art.

La Dépêche de Kabylie : Depuis,  » Un amour de Swann « , réalisé en 1984 après, dix années d’absence vous réapparaîssez sur l’écran de cinéma. Pour quoi tout ce recule ?

Christine Barrault : Le cinéma fait appel aujourd’hui à des figures plus jeunes et séduisantes qui deviennent des héroïnes de leur époque. Parfois on prend, ce recul, involontairement et sans qu’on le sache. Il y a beaucoup moins de rôles à me proposer mais, cela ne devient pas une frustration pour moi.

Je ne regrette pas cela, par ce que à coté de cette passion, je me consacre délibérément au théâtre. J’aime être sur scène. Je me sens riche de contact avec le public, de spectacles vivants et de musique, de lectures théâtrales et autres. Mais si on fait appel à moi pour jouer dans un film, je le ferais volontiers si j’aurais du temps, comme je l’ai fait en 2006 avec,  »  » La Disparue de Deauville « , de Sophie Marceau.

Aviez-vous aimé le rôle que vous avez interprété dans ce film ?

Le cinéma est devenu pour moi la cerise sur le gâteau. Je vous l’ai dit, si on me propose un rôle et que je suis libre de le faire, je le ferai, mais cela n’est pas une priorité pour moi. Pour jouer dans un film il faut que je sois convaincue du personnage que j’adapte.

Le rôle que j’ai campé dans,  » La disparue de Deauville « , est un rôle de caractère. C’est une chose qu’on favorise moins, actuellement, dans le cinéma français. L’œuvre montre une femme dans un fauteuil roulant, très malheureuse dure mais même temps. C’est une personne qui est repliée sur elle-même, et qui n’est pas trop aimée par son entourage.

La longue absence de la scène présente des difficultés pour le comédien, au moment où il campe ses personnages?

Lorsqu’on est artiste, on ne se détache jamais de cet art, cela fait parti de nous même si, on s y sépare longtemps.

Personnellement, je ne suis jamais resté, plus que quelques mois sans tourner. J’ai toujours une présence de caméra dans ma vie. Il est vrai que j’ai joué des petits rôles dans des films où mon nom n’était pas médiatisé mais j’ai toujours tourné, au moins deux fois par an, pour la télévision.

Estimez-vous que le personnage principal fait toujours le poids d’une œuvre?

Contrairement au passé, le personnage principal représente le poids le plus important dans l’oeuvre. Et pourtant, toute la grande période du cinéma français était basée sur les rôles secondaires, très bien écrits pour des personnages pleins de caractères. Aujourd’hui, on ne s’occupe que des personnages principaux et les rôles secondaires sont présents, uniquement pour avancer l’action. On ne se donne plus de mal d’écrire pour les seconds rôles et cela est bien dommage.

Dans les années 50, le cinéma faisait appel à de grands noms de théâtre qui ont basé leur carrière sur cet art. Quand le cinéma est arrivé, on s’amusait à réaliser, beaucoup plus, des films avec quatre personnages secondaires et les intégrer dans différentes scènes.

Ce cinéma se basait sur des rôles de caractères. Actuellement, il y a moins de passage entre le théâtre et le cinéma.

J’avoue que cela m’intéresse moins. J’estime que le nouveau cinéma raconte des histoires qui sont pratiquement les mêmes. J’aime les films qui racontaient les grandes fresques avec des histoires qui dépassaient la chambre ou la cuisine. J’espère retrouver cet art épique.

Quel est le rôle que vous aimez le plus dans les 11 films que vous aves joué?

De tous les films que j’ai fait, le rôle que je préfère est, « Femme entre chiens et loups ». C’est un film belge, qui a été écrit et réalisé, en 1979 par André Delvaux. Il raconte l’histoire d’une femme qui était prise dans la tourmente de la guerre. Elle était, à la fois, une personne et le symbole de la Belgique écartelée entre les Flamands et les Wallons.

Cette femme était écartelée entre un amant qui était résistant et un mari qui avait été un collaborateur. Je pense que c’est l’un de mes plus beaux rôles.

Y a t-il un réalisateur avec qui vous avez toujours souhaité travailler ?

Il y a beaucoup de réalisateurs avec qui j’aurais aimé travailler. J’ai souhaité jouer, plus, dans des films de grands cinéastes étrangers, que français. Je ne sais pas, ce que je donnerais pour travailler avec DeVar qui a pris le relais de Bergman et de ces cinéastes qui sont passionnés par ce qu’il a y derrière un visage des femme, derrières les rides de femmes, de ceux qui ne se sert pas d’elles comme d’un objet de désir, mais qui cherchent l’énigme des mystères de cette personne.

Vous êtes donc libre actuellement pour travailler un nouveau rôle si un réalisateur vous le propose ?

Malheureusement, non, j’ai plutôt des projets dans le théâtre. Il y a énormément de spectacles à présenter, en ce moment. C’est un programme à respecter.

Je vais, prochainement jouer une pièce qui s’appelle, « L’allée du roi », qui parle de « Madame de Maintenon ».

Née en prison, cette femme s’élève peu à peu dans l’échelle de la société jusqu’à ce qu’elle devienne la gouvernante des enfants du roi louis 14 puis son épouse.

Cette œuvre sera réalisée sous forme de monologue qui est un extrait d’un livre de Françoise Chandernagore.

La pièce a été présentée il y a une quinzaine d’années. La présentation de,  » Madame de Maintenon « , sera au programme à partir du mois de février, en France.

Prévoyez-vous une présentation de vos spectacles en Algérie ?

J’aimerais bien venir faire des spectacles en Algérie. Je demanderai, certainement, au producteur qu’il essaye de me faire venir produire dans ce beau pays.

J’adorerais jouer ici, car j’ai eu un coup de foudre pour cette terre, depuis que j’y ai mis les pieds. J’ai rarement reçu, un tel accueil aussi bien, dans la rue que dans les établissements où j’ai été.

Le premier sentiment qu’on reçoit, en Algérie est celui de l’amitié. Je reviendrai.

Propos recueillis par Fazila Boulahbal

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