Les justifications de Belkhadem

Partager

A l’issue d’une rencontre gouvernement-opérateurs économiques, organisée par la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI). M. Belkhadem s’est insurgé, comme si cette situation lui échappait complètement, contre le fait que les prix de la semoule se sont envolés sur le marché national alors que l’Etat continue d’alimenter les minoteries en blé à des prix soutenus. Sur le marché, les prix du blé tendre ont augmenté de 130 à 370 dollars la tonne de 2005 à 2007, et de 202 à 448 dollars pour la même période concernant le blé dur, mais l’Algérie continue de fournir ces blés aux prix d’avant la hausse. Cela poussera le chef du gouvernement à dire que vu l’effort gigantesque fourni par son gouvernement, il n’accepte pas qu’en parallèle, les prix de la semoule augmentent de façon conséquente et que le consommateur paie les conséquences de ce dysfonctionnement.

 » Pourquoi augmenter alors que l’Etat n’a rien augmenté ? », s’est interrogé le chef de l’Exécutif devant une assemblée constituée essentiellement de chefs d’entreprises. Selon lui, la préoccupation majeure du gouvernement reste la protection du pouvoir d’achat des citoyens, avant d’ajouter que ce dernier ne se résume pas à l’augmentation des salaires qui dans la situation actuelle favorise les spéculateurs. Il n’indique, toutefois pas, les mécanismes qu’il compte mettre en place pour ce faire.

Cherté des produits de première nécessité

S’agissant de la flambée du prix de la pomme de terre, il a expliqué que cette année, les paysans ont opté pour d’autres cultures, du fait que l’année précédente ils ont subi des pertes en raison de la mévente de la surproduction. Sur le même sujet, le chef du Gouvernement a appelé à une lutte concertée et en règle contre le marché informel. Pour cela, il a déclaré que le gouvernement va fédérer ses énergies et les orienter en priorité vers la lutte contre l’informel, tout en soulignant qu’  » aujourd’hui, ce phénomène prédomine dans notre économie « . Il a par ailleurs, affiché, l’intérêt de cette rencontre Gouvernement -opérateurs économiques qui doit apporter des propositions concrètes pour réduire, voire anéantir ce mal. Pessimiste, Belkhadem a souligné que l’Algérie a des potentialités naturelles et humaines énormes, si elles étaient utilisées à bon escient, elles pourraient faire réduire le taux de chômage à 8% dans les six ou sept années à venir.  » Nos capacités nous permettent même de prendre en charge les 250 000 à 300 000 nouveaux étudiants qui arrivent annuellement sur le marché de l’emploi « , a affirmé M. Belkhadem. Dans le même sillage, il a appelé à lever les obstacles et à promouvoir les investissements au lieu de spéculer sur les

prix.

 » Les entreprises algériennes accaparent les gains…. « 

Concernant le démantèlement tarifaire, le chef du Gouvernement a regretté que les avantages de cette procédure, soit l’exonération totale de droits et taxes sur certains produits à l’importation, n’aient pas donné lieu sur le terrain à une baisse des prix comme cela aurait du se passer logiquement.  » Le démantèlement tarifaire aurait dû se répercuter au niveau des consommateurs. Or, y a-t-il un produit en baisse en Algérie? « , s’est interrogé, encore une fois Belkhadem. D’après lui, il n’y a qu’une seule explication : les entreprises algériennes accaparent les gains réalisés à travers le démantèlement tarifaire au lieu de les répercuter sur les prix.

Sur le chapitre de l’assainissement des banques M. Belkhadem a indiqué que  » l’ardoise des banques est partagée entre le secteur public et le secteur privé « .Il a souligné, à cet effet, qu’il n’y a aucune différence entre entreprise publique et privée, le seul critère, estime –t-il entreprises algériennes. A ce propos, le chef du Gouvernement s’est dit « agréablement surpris  » de constater que les entreprises privées ont mieux profité des opérations de mise à niveau que les entreprises publiques. Toutefois, il a expliqué que pour les entreprises non solvables, l’Etat ne va pas continuer là  » perfuser des cadavres  » et va aller vers leur dissolution en  » prenant en charge leur potentiel de production ainsi que la main d’œuvre ».

La privatisation du CPA

 » Nous sommes sur le point de privatiser le CPA, et nous allons entamer la privatisation à hauteur de 30% d’une seconde banque publique  » a-t-il affirmé. L’opération de mise a niveau des banques, a-t-il ajouté, est  » impérative  » du fait que des banques étrangères sont opérationnelles en Algérie et d’autres le seront demain, le réseau de banques s’étoffe et on craint que les banques nationales s’étiolent et meurent en raison de la forte concurrence. « Notre crainte est que notre système bancaire ne soit pas aussi compétitif et ne pouvant faire face à la concurrence, disparaîtra de la scène, c’est pourquoi nous devons mettre les bouchées doubles », a encore ajouté le chef du Gouvernement.

Rumeurs….

Par ailleurs, et à l’issue de cette rencontre, Belkhadem a saisi l’opportunité pour dénoncer la rumeur qui a des conséquences négatives telles qu’  » une rentrée sociale explosive « , ou même  » l’état de santé du président de la République « , colportée par une presse « malveillante ». Le chef du Gouvernement aurait été plus inspiré d’expliquer, pourquoi en ce début de troisième millénaire, la rumeur prend le pas sur l’information. Et si le Pouvoir n’avait tout bonnement aucune stratégie de communication, excepté réduire le champ de l’expression libre?

N.Belbachir

Partager