Quand la culture brave l’intégrisme

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Jamais la culture ne s’est invitée d’une manière aussi forte et aussi ‘’courageuse’’ à Bouira. On comprendrait que des lecteurs qui ne connaissent pas le Bouira d’il y a quelques années et ne savent rien des dégâts psychologiques dont est responsable le terrorisme intégriste mais aussi la résignation et le silence-radio des responsables de la culture d’alors, trouvent le qualificatif ‘’courageuse’’ disproportionné et exagéré. Pour les Bouiris qui ont subi la décennie noire et les interdits qu’elle suppose, le forcing culturel que mène la Direction de la culture, notamment en ce mois de ramadan, contre l’inertie et les esprits anesthésiés par un discours moyenâgeux est une véritable prouesse que tous saluent. Réussir à rassembler quelques milliers de citoyen(ne)s autour de l’esplanade de la ville pour respirer, le temps d’un gala, est plus que louable. Oser une ‘’incursion matoubiste’’ à ciel ouvert, après le ftour à Aïn Bessem, une ville que l’on croyait désespérément et définitivement acquise à l’apathie islamiste, renseigne sur la conscience et la volonté de l’actuel responsable de la culture de renverser la vapeur en faveur d’une Algérie belle et débarrassée des archaïsmes meurtriers. Derrière la dynamique culturelle que vit la wilaya de Bouira, depuis quelques mois, se distingue le profil d’un homme surfant naturellement sur deux espaces culturels, une caractéristique déterminante dans une wilaya pluriculturelles. Mais plus important que ça, Omar Reghal, car c’est de lui qu’il s’agit, n’a rien d’un stupide col blanc planté derrière un bureau et occupé à expédier la culture officielle retenue sur un calendrier inamovible.

L’homme fait feu de tout bois. Il ne se contente pas d’être au rendez-vous des occasions officielles. Le directeur est sur tous les fronts à la recherche d‘un prétexte pour redorer le blason de la ‘’culture’’. C’est à cette particularité que les personnes âgées de l’hospice de Bouira doivent une soirée conviviale qu’il n’avaient jamais connue auparavant et qui, le temps qu’a duré la fête, leur a permis de vivre en ‘’famille’’. Le directeur compte aussi amener un peu de bonheur au centre des enfants victimes du terrorisme et à celui de la rééducation pour mineurs. Tout cela avec les moyens du bord.

L’artiste qu’est le directeur, à sa manière, lui permettra de dénicher de jeunes génies dans la région qu’il tentera de mettre sur rail. C’est ainsi qu’il réussira à faire sortir de sa coquille le jeune Nassim Ait Kara, ce chanteur chaâbi qui n’a rien à envier aux maîtres. Idem pour d’autres artistes et troupe théâtrale.

La culture semble être entre de bonnes mains et est bien partie pour imposer un autre son de cloche. Contre toute attente, elle a déjà réussi à rassembler beaucoup de femmes à la salle Errich. Avec l’ouverture imminente de la Maison de la culture que des associations proposent d’appeler Salah Sadaoui, la Direction de la culture aura les coudées encore plus franches pour réinventer la vie à Bouira.

T.Ould Amar

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