Le mercato des implosions

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C’est d’une régularité de métronome. Le FLN s’installe cycliquement  » au bord de l’implosion « , avant que les choses ne retrouvent leur cours naturel ou  » normal « . Les implosions, le FLN sait les programmer de façon à toujours coïncider avec un rendez-vous politique, généralement électoral. Le FLN fait toujours les choses en grand. Entre deux congrès ou entre deux élections, il ne peut pas se permettre une crise parce qu’il ne peut se rabaisser à un niveau d’implosion indigne de son rang. Entre deux congrès ou entre deux élections, il n’y a rien, rien à faire, rien à discuter et rien à organiser qui puisse susciter des différends pourvoyeurs de crises et d’implosions. Au FLN, il n’y a pas de sensibilités, pas de courants, seulement des groupes et des centres d’intérêt. On peut agir ensemble à l’occasion, pour la cause commune ou contre l’ennemi commun. Jamais pour des idées. Comme on ne s’allie jamais autour d’une idée, il n’y aura personne pour nous affronter hors session, en dehors des  » périodes statutaires  » des crises et des implosions. Au FLN, on a un programme économique : c’est celui des présidents passés, de l’actuel et de celui qui viendra. Il n’y a donc pas de raison d’en discuter et courir le risque inutile de la contradiction. Tout le monde  » pense  » la même chose de tout, sauf des élections et des congrès. Du régime social, des salaires, des privatisations, de l’éducation, du tourisme, du terrorisme, de l’Irak, du réchauffement de la planète, du FMI, du Sida et du sexe des anges. Pas une note discordante. On ne va quand même pas se tirer dessus pour si peu. Au FLN, on ne diverge que sur l’essentiel et au moment opportun. Alors on garde dans la remise les frictions secondaires et on ménage sa force et son enthousiasme pour les batailles majeures, celles qui déterminent l’avenir du pays. Dans les promotions fulgurantes ou l’esquisse de nouvelles carrières. Pour porter au sommet un nouveau patron coopté quelque part ou faire de quelque notabilité locale un maire de village. Voilà des combats qui ont un sens et des luttes qui méritent d’être menées. Des guerres dignes d’intérêt, à penser dans les conclaves les plus fermés et à exécuter avec la logistique la plus performante. Convoquer la justice nocturne et lâcher les colosses au petit matin. Ordonner des candidatures impensables et susciter des vocations insoupçonnables. Débaucher des islamistes à Sidi Bel Abbes et bénir à Khenchela un petit responsable qui a pris la clé des champs avec les dossiers de candidatures avant de refaire surface avec son nom sur le haut de la liste. Des mouhafedhs non sélectionnés vont crier au scandale, des  » compétences marginalisées  » vont demander la tête du grand chef et des maires en place vont faire valoir leur  » bilan  » pour dénoncer l’affront subi et la presse publiera ses manchettes sur un parti au bord de l’éclatement. Et quand tout cela sera terminé, on retrouvera l’entente parfaite, la cohésion totale et l’esprit de corps infaillible. Au FLN, on sait faire la différence entre l’essentiel et le secondaire. En attendant la prochaine session statutaire de l’implosion.

S. L.

Du coq à l’âne : la Fédération algérienne de football a fini par trouver un autre Cavali. On savait  » le profil  » de l’entraîneur recherché et Rabah Madjer est naturellement exclu de la liste des candidats. Pas de surprise donc.

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