Une grand-messe en hommage aux Immortels

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C’est un groupe français composé de quatre jeunes musiciens: Sarah Dayan et Cécile Roubin au violon, Guillaume Becker à l’alto et Julien Decoin au violoncelle. Le groupe interprète essentiellement de la musique classique et a choisis pour cette soirée deux quatuors de Mozart, un quatuor de Mendelssohn et un autre de Ravel.

La salle était bondée et le groupe ne tarde pas à ensorceler le public avec le premier quatuor de Mozart dont tout le monde connaît la virtuosité quand il s’agit du violon. Le son plaintif des deux violons mêlé aux doux rugissements de l’alto et à l’indispensable intervention du violoncelle donnait une touche presque symphonique et essentiellement émotionnelle au morceau. Cet ensemble de douceur, de force et d’intensité a rempli la salle d’une sérénité mystique mêlée à une exaltation qui ne mirent pas longtemps à transformer le concert en une messe hétérodoxe, où les âmes de ces grands artistes disparus venaient conter aux auditeurs leurs passions, leurs sensibilités, leurs déceptions et leurs rêves inachevés.

Le « Quatuor Voce » a réussi remarquablement à semer d’innombrables vibrations dans les corps et les esprits qui se sont laissés envoûter par l’irrésistible magie d’une musique classique raffinée et intemporelle. L’immortalité de Mozart s’est encore affirmée, comme lors de chaque concert dédié à sa mémoire, et la polyvalence de Ravel s’est imposée au public dont la plupart ne connaissait, évidemment, que son fameux Boléro. Le groupe venu de Paris pour la première fois en Algérie a su donner au public algérien la précieuse occasion de revisiter, et pour certains de le découvrir, le Quatuor ; genre musical classique dans lequel de nombreux virtuoses se sont illustrés. Le violon, malgré la concurrence du piano et la force de l’orgue, restera un instrument des plus mystérieux mais aussi des plus fertiles. Mis entre des mains magiques et au service d’une musique immortelle, il ne peut qu’éblouir, charmer et sensibiliser le mélomane. Les doigts fins et souples de Sarah, la sensibilité extrême de Cécile, les plaintes de Guillaume et l’ardeur de Julien ont offert au public présent avant-hier une soirée éthérée qui prit fin, à contrecœur, vers 21h30 sous les applaudissements fiévreux des spectateurs. En guise de conclusion, Guillaume Becker a complimenté le public algérien et la a manifesté son désir de revenir en disant : « Faites-nous revenir s’il vous plaît! ». Quant à Sarah Dayan, elle a trouvé le public tout simplement « charmant » ! Fin de soirée. Tout le monde est heureux. Les visages semblent empreints d’une étrange lumière. Cette fameuse lumière que seules la méditation et la grande musique peuvent faire irradier en nous. En outre, le Centre culturel Aissa-Messaoudi organise un concert de l’Orchestre symphonique national, pour le 30 novembre à 20h. Grand merci aux quatre jeunes virtuoses. Espérons que ce genre de concerts, d’invitations et d’hommages rendus aux grands disparus de la musique classique seront plus fréquents et médiatisés et surtout introduit dans la culture populaire algérienne.

Sarah Haidar

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