L’improbable sens inverse

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Sommé de quitter la direction du FLN, Abdelaziz Belkhadem dément catégoriquement son départ du… gouvernement. La réaction est en apparence déroutante, mais seulement en apparence. L’homme a maintenant passé assez de temps dans les arcanes du système pour faire la différence entre les deux et il le rappelle à ses détracteurs maison. Ce ne sont pas les militants du FLN qui l’ont porté là où il est, et il est mal venu pour les quelques notabilités du parti qui sont en train de tirer les ficelles de sa destitution de mettre en avant des structures de base dont tout le monde sait qu’elles sont virtuelles. Par fine roublardise ou à son corps défendant, le chef du FLN, ou plutôt du gouvernement, rappelle aux « frondeurs » ce qu’ils savent déjà et font sembler d’ignorer pour la bonne cause, généralement synonyme d’intérêts. On n’est jamais chef de gouvernement parce qu’on est chef du FLN, mais chef du FLN parce qu’on est chef de gouvernement ou sur le point de le devenir. Belkhadem sait qu’il n’a ni le parcours des apparatchiks purs et durs ni le profil des jeunes loups capables d’esclandres. Alors il s’en remet à ceux ou celui qui l’ont fabriqué et s’accroche à l’élastique qui l’a projeté au sommet, en tentant bien évidemment de convaincre qu’il est maître de son destin. Quand il déclare à la presse qu’il est chef du gouvernement et qu’il n’a aucune intention de partir, il s’adresse aussi bien à ses pairs du FLN pour leur dire que tant qu’il est chef du gouvernement, ils peuvent toujours courir, qu’aux « autres » pour réitérer sa disponibilité à « aller au bout de la mission qui lui a été confiée ». En filigrane, il insinue bien sûr qu’il a donné satisfaction et qu’il n’y a aucune raison pour qu’on lui désigne la porte de sortie. Pour le reste, personne n’a songé à une remise de tablier volontaire simplement parce que dans ce pays, on ne démissionne que si on vous y invite et Abdelaziz Belkhadem n’a pas vraiment le profil pour une vocation de pionnier. Et ce sont justement les bruits qui courent sur une imminente « invitation » qui font aiguiser les couteaux. Alors, les militants scandalisés par les dérives dans la gestion du parti, la violation des statuts, le non-respect des résolutions du huitième congrès, la marginalisation des compétences et l’arbitraire dans la confection des listes électorales, tout ça est insuffisant pour mobiliser au FLN, trop insuffisant quand de surcroît, il est question d’exiger la tête du patron. Les militants n’existent pas, les compétences sont rares, les listes ont toujours été confectionnées ainsi et les dérives n’ont jamais manqué. Tout le monde sait en fait comment Belkhadem est venu et il serait étonnant de ne pas savoir comment il va partir. Du gouvernement d’abord, puis du FLN. Sens inverse improbable.

S. L.

Du coq à l’âne : C’est vraiment le cas de le dire, mais je n’ai pas fait exprès. Mouloud Hamrouche est encore revenu au devant de l’actualité. D’abord pressenti pour succéder à Aït Ahmed à la présidence du FFS, on parle maintenant de lui à la tête du FLN. Normal, pour un free-lance de la politique.

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