Et si on parlait un peu télé ?

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L’ENTV est terrible. Dans son infinie générosité, elle offre aux Algériens une grande récréation de « débats politiques libres » et pour leur faire sentir sa gentillesse, elle commence par les avertir, le discours culpabilisant et le ton grossièrement hautain : si le reste du temps, c’est-à-dire entre deux rendez-vous électoraux, le débat est exclu de leur écran, ce n’est sûrement pas la faute de la Télévision publique. Et ses plateaux trouveront toujours quelques « confrères » et autres experts pour relayer ce postulat de départ qui sert, comme dans un contrat tacite, à fixer les règles du jeu sans qu’on ait vraiment besoin d’en parler. Dans l’un de ces plateau une consœur de la Radio se désolait l’autre fois jusqu’à nous faire verser une larme, que de grands et sensibles dossiers comme celui des « Harragas » n’aient pas pu mériter une discussion. Non pas à la télé comme de bien entendu, mais au sein des partis politiques et de la société civile dont le niveau-zéro- d’implication dans le quotidien des Algériens expliquerait la torpeur de l’ENTV, ou mieux serait la preuve de sa performance. Une performance que les Algériens ignorent, bien sûr. Dans une impeccable connivence qui a parfois des relents de solidarité de corps, les invités, experts, confrères, et hommes politiques évitent soigneusement ce qui fait la raison d’être et le charme du débat télévisé : la contradiction. En fait de débat, c’est plutôt de temps de parole qu’il s’agit. Les invités sont « courtois » jusqu’à la nausée, les brushings sont mortellement ringards et il n’y a ni coups de gueule, ni irrévérence. Presque rien à voir, rien à entendre. Il n’y ni idées à confronter ni programmes à comparer. Interdit de hausser le ton et d’intervenir de façon impromptue. Les plateaux de l’ENTV sont des rendez-vous pour fils de bonne famille, bon chic bon genre-qui se renvoient les politesses et oublient les sujets qui fâchent. L’autre fois encore, on a même invité un panel d’experts pour parler de l’ENTV et son presque demi-siècle de souveraineté. Enorme question de départ : la télé répond-elle aux attentes des Algériens ?

On aurait pu répondre par non ou-pire- par non et en finir, puisque de toutes façons la question de fond sera évitée. Il n’y a pas de volonté politique de faire une télé du vingt et unième siècle et le pouvoir est content de « sa » télé. Le reste est dérisoire, mais c’est du reste qu’on parlera. Du pourcentage d’Algériens qui regardent l’ENTV, de l’opportunité d’ouvrir de nouvelles chaînes régionales ou thématiques, de la difficulté de couvrir un pays à la superficie si vaste et de la nécessité d’accéder aux technologies les plus performantes. Chacun des invités se parlait à lui-même et, ensemble, ils se parlaient entre eux sur le plateau d’une télé dont les Algériens ignorent les performances tellement ils sont débiles.

S.L.

Du coq à l’âne : le temps est grave, alors, faisons court. S’il vous plaît, montrez-nous Hacène Hattab dans son lieu de détention ou dites-nous qu’il est encore dans les maquis. On n’en peut plus.

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