Les protestataires prédisent un échec cinglant à leur parti

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Une direction accusée d’imposer «le primat de l’autoritarisme sur la légitimité militante», qui conduira le parti, selon les protestataires, vers « l’échec annoncé » lors des élections prochaines. La crédibilité des discours politiques des autres partis est également remise en cause par ce même groupe.

« Si l’on juge le manque d’enthousiasme accordé à la campagne électorale, peu ou même très peu répondront aux appels alarmistes d’une administration aux ordres et d’une classe politique qui met en avant la transparence dans une épaisse couche de brume», tranchent les militants protestataires légalistes dans une déclaration rendue publique hier après-midi. Un jugement porté, d’ores et déjà, sur l’issue des urnes du 29 novembre prochain, non sans dévision sur la transparence de la classe politique.

Cachant mal leur réprobation contre le parti ils ont été exclus non sans subir du tapage corporel et médiatique, les rédacteurs qui se sont réunis jeudi dernier à Alger, après une première réunion tenue au début de la semaine passée à Tizi-Ouzou, qualifient désormais le plus vieux parti de l’opposition, d’appareil appartenant au « lot des khobsistes jouant son rôle de catalyseur des revendications démocratiques. » Un qualificatif qui ne plaira assurément pas à la direction du FFS, non plus au zaim d’ailleurs, car se revendiquant « du seul parti d’opposition qui ne courbe pas l’échine face aux tentations assimilatrices» exercées par les pouvoirs successifs.

Loin s’en faut, « les militants protestataires légalistes » du FFS signent et persistent, dans leur déclaration, leur attachement aux idéaux de leur parti : « Aujourd’hui, par devoir de mémoire et de fidélité, par devoir de vérité et de conscience, nous, militants protestataires légalistes, nous élevons pour dénoncer haut et fort l’éloignement de l’appareil du parti des idéaux et valeurs démocratiques ayant présidé à la proclamation de notre parti qui a bercé nos espoirs depuis un certain 29 septembre 1963… »

Abordant les élections municipales prochaines, ils précisent que « l’élaboration des listes électorales, source, en partie, du fossé toujours plus profond entre la base militante et l’appareil représenté par l’actuel premier secrétaire national, toujours sans secrétariat, et l’omniprésence du cabinet noir, le primat de l’autoritarisme sur la légitimité militante a été imposé au grand jour avec cynisme et arrogance. »

Les hautes instances de l’Etat, incarnées par l’administration sont également prises à partie par les contestataires, qualifiées de «poison de la démocratie», contre lesquelles des reproches sont vertement lancés pour avoir « trié sur le volet les candidatures qui, lors des présidentielles prochaines, elle n’aura que ses élus. » Une façon de dire ce que d’aucuns sentent déjà à savoir que ces prochaines municipales donnent un avant-goût de ce que sera l’issue des présidentielles de 2009 et dont le FFS, l’éternel opposant, aura accepté le jeu « de ne parrainer aucune candidature libre qui risquerait de jouer au trouble-fête.»

La virulence politique de la déclaration des « militants protestataires légalistes » du FFS envers la direction de leur parti sonne comme une pénétration d’intelligentsia au centre des arrières-pensées politiques de l’actuelle direction du plus vieux parti de l’opposition, pour divulguer sa stratégie !

Une stratégie qui n’est pas pour faire « croire à une véritable représentation politique d’opposition et de proposition dans les assemblées locales qu’aura à gérer le FFS car, ce qui restait de la volonté militante, même violée en amont et en aval par l’administration, a été une fois de plus piétinée par l’appareil. »

Et de conclure par leur « démarcation de l’échec annoncé et faisant assumer la responsabilité à l’appareil du parti » à la proclamation des résultats du vote prochain.

Par ailleurs, le groupe de protestataires a décidé de reporter la date de la tenue de sa conférence de presse au 2 décembre, soit au lendemain des élections municipales, au lieu de la veille de ce rendez-vous électoral.

M.A.T.

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