Des universitaires et chercheurs algériens, marocains et français prennent part à cette manifestation culturelle qui a attiré l’attention de centaines d’étudiants et autres citoyens, qui se sont retrouvés hier dès dix heures à l’auditorium de l’université de Tizi Ouzou. Un intérêt que justifie la liste des conférenciers, dont plusieurs sont célèbres, à l’image de Tassadit Yassine, disciple de Mouloud Mammeri mais aussi Denise Brahimi, auteur d’un livre sur Taos Amrouche.
L’exclusion de ces deux femmes écrivaines, originaires d’Ighil Ali, en petite Kabylie, s’est illustrée d’abord par leur absence totale de toutes les activités officielles, organisée par l’Etat algérien. Concernant Taous Amrouche, on peut rappeler qu’on ne peut retrouver aucun de ses quatres romans dans les librairies algériennes.
Hormis, Rue des Tambourins, commercialisé ces dernières années grâce à une grande maison d’édition tunisienne.
Cependant, les responsables du secteur de l’édition en Algérie, y compris les éditeurs privés, n’ont pas pensé, ou n’ont pas voulu, c’est selon, rééditer les trois autres romans de Taous Amrouche.
Des livres qui sont pourtant d’une valeur littéraire certaine à l’image de l’Amant imaginaire, un roman sous forme de journal intime, très profond et esthétique. Dans ce livre précurseur de la littérature féminine algérienne, Taous Amrouche a abordé à son époque déjà des thèmes qui sont à nos jours de l’ordre du tabou, à l’exemple de l’amour qu’une femme mariée peut éprouver à l’égard d’un autre homme. Les livres de Taos Amrouche sont méconnus par le lectorat algérien. En Kabylie, Taos Amrouche est plus connue par son côté interprète des chansons.
L’initiative du département des langues et cultures amazighes en organisant ce colloque peut constituer un jalon qui sera suivi d’initiatives plus concrètes comme la réédition de ses romans. D’ailleurs, les conférences données hier par Tassadit Yassine ou Denise Brahimi ou encore par Said Chemakh n’ont pas été sans susciter la curiosité d’un auditoire dont une grande partie ignorait jusqu’au titre d’un seul des livres écrits par Taos Amrouche.
Sa mère Fadhma est par contre plus connue car son livre Histoire de ma vie, a eu un immense succès dans les librairies algériennes, un peu comme Le Grain Magique de Taos Amrouche.
Quant à Jean Amrouche, l’un des conférenciers a annoncé la sortie dans quelques semaines d’un journal inédit écrit par ce dernier. Le colloque de Tizi Ouzou a pour intitulé : « Les passeurs culturels au féminin : l’exemple de Fadhma et Taos Amrouche », un thème vaste. C’est pourquoi, nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.
Aomar Mohellebi