C’est un grand jour dans l’histoire de l’art en Algérie: la création d’un musée d’arts modernes! Ce qui n’était avant qu’un projet trop beau pour être vrai, est devenu aujourd’hui une réalité palpable, sise à la rue Larbi Ben Mhidi.
Ainsi, la bâtisse néo-mauresque initialement conçue par les Français pour abriter les différentes activités commerciales (Les Galeries de France), est devenue aujourd’hui le temple de l’art moderne en Algérie. Une inauguration « partielle » a eu lieu lundi dernier, ensuite le musée sera ouvert au grand public durant six mois au bout desquels, il sera fermé afin de réhabiliter la deuxième partie qui demeure, à ce jour, à l’état initial.
C’est d’ailleurs grâce à ce « décalage » des travaux que l’on peut estimer une imposante différence entre « Les Galeries d’Algérie » (ex-Galeries Françaises) et l’actuel Musée des arts modernes.
On peut aussi admirer l’immense travail de réhabilitation, d’esthétique et de décor qui a été fait par une main d’œuvre essentiellement Algérienne, l’éclairagiste étant un Français.
Le public algérien, pour la plupart, ignorant ce qu’est l’art moderne et, surtout, hostile à tout changement opéré sur les vieilles bâtisses qu’il considère comme un patrimoine intouchable, aura à admettre l’imposante présence du musée au centre grouillant d’Alger.
Quant au public « averti » qui se réjouira de découvrir ce nouveau temple de l’art, il a rendez-vous, pour commencer, avec une exposition inaugurale intitulée « Le fou de Leila » de Malek Salah. Pour ce qui est de la « continuité » et de la cadence auxquelles ce musée fera ses preuves, on ne peut qu’espérer que le Musée d’arts modernes d’Alger puisse survivre aux fameuses sautes d’humeur du Système qui pourra, un jour, rayer ce temple de l’art de la carte d’Alger pour en faire un « truc » plus commercial et moins original !
En effet, pour une première étape, personne ne se leurre sur la réaction de la vox populi quant à la création de ce nouveau musée! Déjà que « l’art » en général suscite un certain dédain chez le commun des Algériens, que dire alors de l’art moderne qui, défini « populairement », n’est que charabia !
Le musée saura-t-il intégrer le paysage urbain d’Alger et attirer, avec le temps, l’attention ou du moins la curiosité du public?
Ou se réduira-t-il à une simple vision utopique inadaptable à la « mentalité » algérienne? Nous le saurons dans quelques années…
Sarah Haidar