Comme les années précédentes, cette troisième édition se veut être tournée vers la création cinématographique algérienne contemporaine et les conditions de production en Algérie. En effet, dans une situation plus que fragile, dépourvue de financements et d’un véritable public, les réalisateurs sont face à certains dilemmes qui se résolvent souvent par l’émigration en France notamment. Sur l’état de santé du cinéma algérien, tous les professionnels nationaux sont unanimes, mais chacun nourrit des solutions diverses quant aux moyens de sortir de la crise.Les rencontres de Béjaïa font le pari du dialogue et de l’ouverture. A défaut de moyens financiers et matériels, la manifestation se construit donc autour des personnalités invitées, des professionnels présents et des stagiaires. Les organisateurs n’ont pas l’ambition de monter un festival cinématographique mais bien de créer un rendez-vous annuel dont la dynamique pourrait apporter quelques débuts de déblocages du cinéma algérien. Dans cette optique, ateliers de formation, actions pédagogiques, débats, accueil du public sont des éléments aussi importants que la programmation cinématographique elle-même.Former les jeunes est ainsi l’une des clés de voûte de ces rencontres, c’est pourquoi chaque matin, des professionnels Algériens animeront des ateliers destinés aux jeunes stagiaires désireux de mieux appréhender les métiers du cinéma. Pouvoir par la suite encadrer ces jeunes en stage au sein du festival français afin qu’ils acquièrent savoir-faire et expérience est la continuité souhaitée du travail réalisé lors des rencontres.Placée sous le signe de la diversité des genres, la programmation, quant à elle, donne une large place à la création contemporaine et aux jeunes réalisateurs. L’esprit n’est pas à la compétition mais à l’échange et au dialogue.Alors que l’édition 2004 s’ouvrait avec Le Peuple migrateur de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, cette année, nous débuterons les festivités avec Tahia ya Didou de Mohamed Zinet, l’un des chefs-d’œuvre du cinéma algérien, un film de commande subtilement détourné en œuvre d’art et rénové à l’occasion de l’Année de l’Algérie 2003. La manifestation se veut être un lieu de rencontres et d’échanges entre les professionnels autant qu’un lieu de diffusion. L’important est de proposer un espace capable de générer de nouvelles énergies et pourquoi pas d’impulser de nouvelles coopérations ou projets. Dans ce cadre, la présence d’invités français est essentielle tant l’axe franco-algérien est vital pour les cinéastes algériens.Enfin, il s’agit de redonner au public le goût d’aller dans les salles de cinéma, leur réapprendre à apprécier un film et à débattre ensuite ensemble ou avec le réalisateur. Ce travail de sensibilisation se fait également tout au long de l’année via le ciné-club animé par l’association Projects’Heurts.Originales, courageuses, les Rencontres de Béjaïa répondent aux besoins d’une société algérienne à la recherche de son cinéma. Dès l’année prochaine, les cinématographies maghrébines seront représentées et à terme, c’est l’ensemble du cinéma euro-méditerranéen que le festival entend proposer au public bougiote.
A. Hochiche/H. Djahnine